[Ceci est une note toute personnelle.]

Certes, cela fait quelques jours que la date est dépassée. Je n'ai pourtant pas renoncé à laisser un court billet pour marquer l'occasion : Plumes fête en effet ses deux ans d'existence !


Il y a deux ans, sortie d'une grande école, j'ai ressenti le besoin d'un rapport à la lecture plus personnel, loin de toute question théorique. Autre chose aussi : j'ai voulu garder quelques bribes de mes lectures, qui s'effacent si vite des mémoires, si bien que l'on se dit souvent : "Ah oui, je l'ai lu ce livre. Je ne m'en souviens plus, mais j'avais bien aimé ..." On pourrait trouver l'entreprise absurde ou inefficace. Je remarque tout de même que je conserve des impressions moins confuses des livres sur lesquels j'ai tenté d'écrire. Rien qui ne remplace une relecture, cela va de soi, mais quelque chose tout de même. Au fur et à mesure que le blog prenait de l'âge, j'ai voulu donner plus qu'un ressenti de lecture. J'ai cherché à travailler les textes que je rencontrais, à y réflechir, à essayer d'en saisir les richesses. De nouveau, voilà un projet bien ambitieux, jamais achevé, sans cesse à recommencer. Mais cela me plaît. Et j'avoue que je trouve quelque chose de très agréable à essayer mon jugement sur tel ou tel ouvrage. En voguant de blogs en blogs, dans l'avancement de mes études, j'ai commencé à être confrontée à de nouveaux auteurs. Attirée par ce qu'on appelle généralement les classiques, j'ai découvert l'existence de toute une littérature "alternative", de celles dont on ne parle pas au lycée ou dans les Lagarde & Michards, hors des sentiers rebattus des cours de littérature. Il y a eu en particulier la découverte d'un autre XIXème siècle : autant de noms dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'alors, autant de projets de lecture à venir. Références nouvelles que je me fais un plaisir de partager quand je m'en sens capable, dans l'espoir de faire entendre, un peu, le nom de ces oubliés que j'apprécie.

Et me voilà à feuilleter ce carnet de lecture, inauguré le 26 Mars 2007. Heureuse de ne pas avoir rendu la chose trop contraignante. Quitte à laisser planer quelques silences, je suis loin de chroniquer toutes mes lectures. Je me sens libre de mes choix, et les silences de ce blog sont finalement tout aussi éloquents que les articles. Et si je suis prête à citer Laforgue à tout bout de champ, je préfère finalement me taire à propos de livres que je n'ai pas appreciés et/ou pas compris. Et puis j'ai suivi des modes, j'en ai boudé d'autres. Les remous de la blogosphère m'intéressent, m'intriguent, me rebutent parfois.


Quoi qu'il en soit, j'ai tracé - et je trace - mon petit bout de chemin, à mon rythme. Je lis avec toujours autant de plaisir, sinon plus ; chaque lecture devenant une enquête, une exploration.
Et comme il ne sert à rien de ressasser le passé sans un regard vers le présent, je terminerai cette petite note-bilan par un aperçu sur mes dernières lectures, pas encore évoquées ici. Alors que j'ai enfin terminé la lecture du Don Quichotte de 1605, et que j'ai poursuivi ma découverte de Marcel Schwob avec Le livre de Monelle (qui m'a de nouveau déstabilisé, le bonhomme m'intrigue décidément beaucoup), j'entame un roman de Flaubert, son dernier resté inachevé, à savoir Bouvard et Pécuchet ! Sans doute entendrez-vous parler de l'un ou de l'autre de ces titres un de ces jours ... Va savoir.

A bientôt !

{Note express}

"Les dieux sans cœur se livrent aux distractions de l'enfance
et arrachent les ailes des mouches."


Mes découvertes littéraires (et mes apparitions) s'espacent un peu ces derniers temps. Le dernier semestre de la Licence s'avère bien plus gourmand en terme de temps, de lectures et de travail que les précédents. Alors, je suis un peu moins présente ... Je viens tout de même, en passant, déposer quelques mots à propos d'une pièce de théâtre signée Jean Cocteau.

Mêlant références à la tradition et éléments de modernité, cette pièce a de quoi intriguer. Au tout début, une voix résonne dans la salle. Elle annonce le point vers lequel convergent toutes les actions de la pièce, la catastrophe, le sommet de la tragédie. L'annonce faite au public se termine ainsi : "Regarde, spectateur, remontée à bloc, de telle sorte que le ressort se déroule avec lenteur tout le long d'une vie humaine, une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l'anéantissement mathématique d'un mortel." Et en effet, La machine infernale est affaire de fatalité ; soumis à la cruauté des dieux, un personnage, un mythe : Œdipe. L'ouvrage est composé de quatre actes, qui formeraient presque quatre pièces dans la pièce. Dans un ensemble éclaté, aux ambiances diverses, Cocteau donne à voir le lent cheminement des évènements jusqu'au déchirement final. Les acteurs évoluent dans un décor particulier, pensé pour renforcer l'impression d'écrasement par des forces extérieures : la scène est en effet constituée d'une petite estrade à l'inclination changeante, selon les situations, tandis que des panneaux, des toiles viennent s'élever, se refermer tout autour.
Ce qui est surprenant, dans cette pièce de Cocteau, c'est que tout en sacrifiant à presque tous les éléments du mythe grec, l'auteur n'hésite pas à montrer les personnages sous un autre jour et à introduire quelques innovations. Tout d'abord, sa pièce se caractérise par un habile mélange des tons et des registres : alors que le premier acte tire vers la farce (le fantôme du roi Laïus apparaît sur les remparts et tente de se faire entendre), les Dieux de l'acte II échangent des considérations à portée plus philosophique, notamment sur la relativité de notre perception du monde et du temps. D'autre part, les caractéristiques des personnages ont été plus ou moins remodelées à la convenance de l'auteur. Exit le héros tragique : Œdipe n'est plus qu'un enfant orgueilleux qui parade, et s'il répond correctement à l'énigme du Sphinx, c'est plus par chance que par ingéniosité : lasse de tuer et séduite par le jeune homme, la fille-monstre lui avait donné la réponse juste avant. Sa mère et future épouse, Jocaste est présentée comme faible et romanesque, presque superficielle ; plus encore le devin Tirésias se voit affublé du surnom ridicule de "Zizi". Mais ce qui est assez étrange, à la lecture de La machine infernale, c'est de constater que, malgré ça, la dimension tragique se ressent, particulièrement fort. Dès le premier acte, Jocaste, qui finira pendue, manque deux fois d'être étranglée par son écharpe. L'idée d'un poids qui pèse sur toutes ces épaules, d'un mécanisme infernal qui s'enclenche, de la marche inéluctable d'un destin régi par des forces qui nous dépassent ... Tout cela est sans cesse palpable dans cette pièce.

Dans une langue claire et rythmée, qui ne ménage pas les effets poétiques et les traits d'humour, à travers une action épurée qui permet de survoler le mythe, Cocteau réussit, il me semble, à faire toucher du doigt ce qu'il y a de proprement tragique dans cette histoire, au sens antique du terme. Moi qui sais très peu du théâtre du début du XXème siècle (Nous sommes en 1934 pour La machine infernale), et qui ne connaissais alors Jean Cocteau qu'en tant que réalisateur, me voilà à découvrir, naïvement et sans grand bagage, cette intrigante pièce.
A présent, je me pose des questions. C'est plutôt bon signe ; j'aime les livres qui m'amènent à me poser des questions.

~ Le clown. (Verlaine)

Juste l'envie, comme ça, de déposer ce poème que j'ai redécouvert avec ravissement. Allez savoir pourquoi, la figure du Clown ou du Pierrot m'a toujours fascinée. Prenons cela comme un "Texte du Mois" ou un cadeau d'anniversaire à ce blog avec, à chaque fois, quelques jours d'avance ...

A bientôt.

Le clown.

Bobèche, adieu ! bonsoir, Paillasse ! arrière, Gille !
Place, bouffons vieillis, au parfait plaisantin,
Place ! très grave, très discret et très hautain,
Voici venir le maître à tous, le clown agile.

Plus souple qu'Arlequin et plus brave qu'Achille,
C'est bien lui, dans sa blanche armure de satin ;
Vides et clairs ainsi que des miroirs sans tain,
Ses yeux ne vivent pas dans son masque d'argile.

Ils luisent bleus parmi le fard et les onguents,
Cependant que la tête et le buste, élégants,
Se balancent sur l'arc paradoxal des jambes.

Puis il sourit. Autour le peuple bête et laid,
La canaille puante et sainte des Iambes,
Acclame l'histrion sinistre qui la hait.

[G] Espèce d'aristoloche, va !

Tiens ! Tu travailles ? - J'écris sur Paludes ...

Comme Gide a eu la merveilleuse idée de donner le même nom à son propre livre et au livre qu'écrit le narrateur, précisons tout de suite : quand je parlerai de Paludes, l'ouvrage signé André Gide, le titre sera en gras et italique. Quand je parlerai de Paludes le livre écrit par le personnage, ce sera un simple italique. ;)

Vers cinq heures le temps fraichit; je fermai les fenêtres et je me remis à écrire.
A six heures entra mon grand ami Hubert; il revenait du manège.
Il dit : "Tiens ! tu travailles ?"
Je répondis : "J'écris Paludes."
- Qu'est-ce que c'est ? - Un livre.
- Pour moi ? - Non.
- Trop savant ? ... - Ennuyeux.
- Pourquoi l'écrire alors ? - Sinon qui l'écrirait ?


Annoncé comme une "satire de quoi" dans la dédicace, présenté finalement comme une sotie par son auteur, Paludes est un livre pour le moins surprenant. Si bien que j'ai du prendre un peu de temps avant d'essayer d'en parler ici. L'ouvrage, si court, si désinvolte en apparence me semblait renfermer quelques richesses insoupçonnées, et je trouvais que cela méritait plus ample réflexion... Rien ne me destinait à lire Paludes, là, maintenant. Loin de là. Je gardais même, depuis La porte étroite, lecture imposée dans le secondaire, une forte réticence face à l'idée d'attaquer une autre œuvre de cet auteur ... Et puis finalement, j'ai commencé à entendre parler de Gide et à voir son nom apparaître assez régulièrement au fil de mes lectures. Les comparaisons opérées ça et là, les parallèles tracés par les critiques aidant, je me suis finalement tournée vers ce petit livre d'environ 120 pages, prête à découvrir une toute autre facette de son œuvre.


Mais, me demandera-t-on, de quoi est-il question, concrètement, dans
Paludes ? On pourrait dire que c'est l'histoire d'un livre en train de s'écrire : le journal d'un certain Tityre, un livre qui lui-même porte pour sous-titre Paludes ... Mais après tout, la question est loin d'être simple ; elle n'est tellement pas simple que notre narrateur donnera lui-même une multitude de définitions, parfois contradictoires, en fonction de la situation et du moment. Tout au long de notre histoire, l'on perçoit un écho incessant : il s'agit toujours d'écrire, de finir Paludes. De mettre ou de ne pas mettre telle chose dans Paludes. L'œuvre présentée par le narrateur, donnée à voir au lecteur entre deux paragraphes apparaît donc toujours comme un ouvrage en devenir, sujet aux métamorphoses. Même si concrètement, le livre ne se fait pas réellement : quand on rassemble les extraits du Journal de Tityre disséminés ça et là, on se rend compte que cela fait bien peu de choses. D'autant plus qu'à la toute fin du livre (si l'on exclue ce qu'on appellera le "hors-texte" de Paludes), le narrateur se présente, dans une scène étrangement semblable à la première (citée au début de cette note) en train d'écrire Polders ... Paludes, Polders ... Deux mots, l'un tiré du latin, l'autre de l'anglais, et ayant tous deux un rapport privilégié au thème du marécage ...


Au fil de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser à d'autres écrits contemporains. Certains passages m'ont évoqué Penses-tu réussir ! de Jean de Tinan : dans les deux textes, le même humour, la même distance par rapport aux évènements racontés, un ton semblable, la même importance accordée au dialogue, à l'oralité ... Et tous deux mettent en scène, finalement, un ou des textes en train de se faire ... Plus généralement, le personnage-narrateur, auteur de Paludes suit comme il peut la file déjà longue des célibataires fin-de-siècle, écrivains inaccomplis et artistes incompris. Il est d'ailleurs impossible d'ignorer l'actualité littéraire des années 1890 : dans Paludes, autre avatar du "roman sans romanesque", sont cités plusieurs auteurs reconnus du temps (dont Mallarmé) et l'ouvrage semble se poser à la fois comme un hommage et un dépassement de l'écriture symboliste. De plus, Paludes représente une intéressante satire de la vie littéraire de l'époque. Dans le chapitre intitulé le Banquet (racontant un salon organisé chez Angèle où l'on étouffe et vaticine à son aise), l'auteur en profite pour faire défiler bon nombre de philosophes, moralistes et littérateurs, tous plus ridicules les uns que les autres. Des personnages-type qui en viennent à échanger sur Paludes, ce mystérieux texte toujours en cours d'écriture, au grand dam d'un narrateur qui se trouve être incapable d'en parler comme il faudrait et qui demeure écrasé, d'angoisse, sous les regards plein d'incompréhension de ses pairs. Au final, Paludes met en scène les apories des conventions littéraires de son siècle (présentant un narrateur incapable de composer de beaux vers, ne se sentant pas l'âme d'écrire un roman et refusant catégoriquement la création théâtrale), et propose par la même occasion quelque chose d'assez nouveau, au carrefour des genres ...

Je pris un nouveau feuillet et j'écrivis :
Tityre semper recubans
puis je me rendormis jusqu'à midi."

Tout en présentant une satire, visant surtout les cénacles littéraires de son temps, Gide n'écrit pas n'importe quelle histoire, et Paludes est un livre soulevant des questions plus philosophiques : Paludes, c'est aussi l'affirmation de la contingence. On le prendra comme on voudra (sachez tout de même que le narrateur, lui, ça le rend malade), mais l'idée sous-tendue, c'est que notre vie ne repose sur rien, sinon le hasard absolu, l'aléatoire. Rien n'est nécessaire ni logique. Cette contingence, le narrateur veut la donner à voir à travers l'exemple de ce mystérieux Tityre ... Il aura beau - n'en déplaise à Angèle - avoir un "vilain nom", ce personnage, "célibataire dans une tour entourée d'un marais" se voit recouvert d'une dimension toute symbolique. Façonné par notre narrateur à partir d'un vers de Virgile, c'est un homme qui vit dans un marais, dans l'immobilisme, sans chercher à s'en sortir. Et comble de tout, il est heureux ! Comment ose-t-il ? C'est la question que se pose sans cesse le narrateur qui, non sans un certain ridicule (dont il est plus ou moins conscient) , cherche à faire comprendre à son entourage l'horreur de la situation de Tityre. Son manuscrit évolue, au fil des pages, et il en donne de singulières et changeantes définitions. Paludes, c'est "l'histoire de l'homme normal, celui sur qui commence chacun" ou encore "l'histoire de la troisième personne, celle dont on parle - qui vit en chacun de nous, et qui ne meurt pas avec nous." C'est aussi "l'histoire des animaux vivant dans les cavernes ténébreuses, et qui perdent la vue à force de ne pas en sortir." Fluctuances et indécisions, qui invitent à une réflexion sur le bonheur et sur notre façon de vivre. Face à ces hommes qui s'en tiennent à des valeurs fixes et solides, le narrateur de Paludes est confronté au doute. Par ailleurs, la réflexion proposée passe en partie par le rire : livre factice, livre léger, Paludes invite à aller au bout des contradictions, des incohérences. Dans la plaisante Tables des phrases les plus remarquables de Paludes à la fin de l'ouvrage, l'auteur a d'ailleurs noté pour nous : "Il faut porter à la fin toutes les idées que l'on soulève." Écrire Paludes, en rire, c'est peut-être ça, soulever une idée, et essayer de la mener jusqu'au bout.


Paludes se lit très vite. Trop vite, peut-être. Plein d'éléments, de traits de langue, de réflexions générales, de considérations littéraires mériteraient qu'on s'y attarde davantage. A travers cette œuvre novatrice sur bien des points, quelque chose s'amorce : Paludes, c'est avant tout un pas de plus dans la modernité littéraire. Ajoutons à cela que l'auteur propose dans un paragraphe en italique, placé avant le récit-même, une intervention particulièrement intéressante, puisqu'elle introduit la figure du lecteur comme producteur de sens : "Avant d'expliquer aux autres mon livre, j'attends que d'autres me l'expliquent. [...] Un livre est toujours une collaboration." ... Il ne vous reste plus à présent qu'à suivre l'invitation, et de venir trouver, vous aussi, une part de sens, à cet étrange et si plaisant récit.

Images : furiae

[Billet-express]

Après ces quelques jours de silence, je reviens dire quelques mots à propos de l'ouvrage de Jerome K. Jerome, connu sous le nom de Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien !). J'avais eu l'intention, l'année dernière, de découvrir ce livre, présenté partout comme plaisant et drôle, l'intégrant à mes lectures à thème mais j'ai du renoncer à cette idée, ne trouvant pas l'ouvrage. Jerome K. Jerome fut alors remplacé par Henri James, et je n'y ai plus trop pensé ... C'était sans compter sur Lou, que je remercie encore ! J'ai donc découvert ce drôle de petit ouvrage, et tout en ayant quelques réserves à émettre, j'ai passé un agréable moment de lecture, ponctué de nombreux sourires et éclats de rire.


On ne connaît souvent qu'une face du monde victorien. A ce mot, certains se représenteront les grandes fresque sociales à la Dickens, d'autres s'imagineront de belles parures et des maisonnées respectables. On ne connaît pas forcément le monde des commerçants de rien et des petits employés de bureau. C'est de ce monde-là dont Jerome K. Jerome nous parle ... Son ouvrage lui-même se fait le reflet d'une culture nouvelle, qui se construit en opposition aux productions du roman populaire, considéré comme un genre bas, sans pour autant arriver aux raffinements d'une élite intellectuelle. Reflet d'une littérature intermédiaire, Trois hommes dans un bateau récolta le mépris des tenants de la critique, jugeant le livre bas et prosaïque. "Auteur de dixième ordre" dira l'un, "Humour pauvre, limité et décidément vulgaire" dira l'autre, et un dernier ne manquera pas d'écrire à son propos : "Un exemple des tristes conséquences à attendre de l'excès d'éducation parmi les classes inférieures."

Et il est vrai qu'à bien y regarder, ça ne fait peut-être pas partie de ce qu'on appelle, d'un ton ronflant, la "grande littérature". Les digressions sur la Tamise, les considérations pseudo-historiques, ou pseudo-philosophiques - qui devaient, initialement, représenter la plus grande part du texte - ne me semblent pas apporter grand chose et j'avoue avoir bondi, parfois, d'un paragraphe à l'autre. Ce n'est pourtant pas mon genre. Mais malgré cela, il y a quelque chose qui rattrape l'ouvrage et qui fait qu'on le lit, avec plaisir, et qu'on se laisse porter, de pages en pages. C'est l'humour. Trois hommes dans un bateau est un bijou de drôlerie et de non-sens. Poussant à l'extrême la logique des institutions victoriennes et des codes sociaux, Jerome donne à voir, non sans ironie, des situations absurdes, aussi drôles qu'effrayantes. D'un ton familier et goguenard, il montre du doigt les respectabilités, se faisant un plaisir de les voir tomber à l'eau. N'en faisons pas un contestataire, mais il reste que ses remarques désinvoltes et ses petites histoires tiennent en haleine et font rire. Rire des respectabilités, des prétentions des gens, quoi de plus agréable ?


Si l'ouvrage ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable, Trois hommes dans un bateau a le mérite de décrire les rouages d'un monde sous un oeil nouveau. : celui d'une "classe moyenne" émergente, qui tente de bâtir sa propre culture. Je ne peux qu'inviter ceux ayant besoin d'un agréable délassement (quelques jours au bord de la Tamise ?) d'essayer de suivre George, Harris et le narrateur (sans oublier Montmorency !) sur les berges du fleuve. Trois compagnons qui, s'ils peuvent nous sembler un peu rustres ou médiocres, n'en sont pas moins proches de nous. Bien au contraire. Sur ce, je retourne lire Paludes de Gide. Qui m'enthousiasme beaucoup.

Encore merci à Lou qui a permis cette découverte !


On se laisse facilement emporter par la prose de Rodenbach qui , dans Bruges-la-Morte, nous invite à d'étranges déambulations entre les rues mornes et les eaux stagnantes. Bruges-la Morte, c'est un peu une histoire, celle d'un veuf inconsolé depuis dix ans qui croise une silhouette, un visage : une femme qui ressemble à la morte vénérée. C'est surtout une prose poétique et épurée, toute d'effets de rythmes et de sonorités. Description de la ville y vaut description d'un état d'âme : les rues, les canaux, les pignons des bâtiments, les flèches des églises sont autant d'ombres portées sur l'esprit d'Hugues Viane. Celui-ci a choisi Bruges par analogie : au chagrin qui hantait son coeur, il fallait "les silences et la mortelle transparence d'Ombre de cette cité à part."(1) En ce sens, le travail sur les descriptions de la ville est proprement remarquable : au-delà d'un simple et sec réalisme, Rodenbach bâtit l'image d'une ville changeante et fantomatique. "Plus de description, mais [...] des coïncidences du dedans au dehors."(2) Abolies, les frontières entre rêve et réel ; Bruges nous apparaît sous un jour nouveau.


Face à ces descriptions et ces promenades, chose étrange, on nous propose une série de photographies. Là n'est pas le encore le plus surprenant : plusieurs récits avaient déjà été publiés agrémentés de clichés, la décennie précédente. Ce qui est nouveau chez Rodenbach, quand est publiée Bruges-la-Morte, en 1892, c'est le fait d'intégrer l'image (photographique) à la narration et d'aller jusqu'à justifier cette démarche, dans un Avertissement : "
Il importe, puisque ces décors de Bruges collaborent aux péripéties, de les reproduire également ici : quais, rues désertes, vieilles demeures, canaux, béguinage, églises, orfèvrerie du culte, beffroi, afin que ceux qui nous liront subissent aussi le présence et l'influence de la Ville, éprouvent la contagion des eaux mieux voisines, sentent à leur tour l'ombre des hautes tours allongée sur le texte." Le récit se voit donc scandé de nombreuses photographies, sans légende, dans un camaïeu de noir et de blanc ; au monde grisâtre d'Hugues Viane répond le "monde dé-coloré de l'image photographique". Il est intéressant de voir les interractions entre le texte et l'image, au fil de la lecture. On pourra penser (beaucoup de critiques et d'hommes de lettre l'ont fait) qu'ajouter des photos à un récit littéraire bride l'imagination du lecteur ... Chez Rodenbach, la photographie entretient des rapports réfléchis avec le texte et donne à voir une ville évanescente et déserte, nimbée d'un blanc typographique pareil à un brouillard. Forçant de temps à autre à arrêter la lecture pour se perdre dans des rues à jamais désertes, des eaux figées, comme une ouverture vers le vide.




Symboliste, Bruges-la-Morte l'est : en rupture avec les codes du roman réaliste, le récit propose une intrigue particulièrement resserrée, tranchant volontairement tout lien avec une réalité palpable. Bruges-la-Morte se caractérise par le nombre de ses ellipses et de ses silences. L'histoire d'Hugues Viane, tour à tour racontée et commentée, se retrouve parfois suspendue au profit d'évasions (et d'égarements) le long des ruelles de la Ville. Un nom, quelques regards et peu de mots retracent les silhouettes incertaines d'un improbable triangle amoureux : le veuf inconsolé, la danseuse, sosie de la femme aimée et la Ville-morte. En plus de cet effacement du réel, l'ouvrage de Rodenbach développe une esthétique des correspondances (3) chère au symbolisme. Hugues Viane est, selon le mot de Mallarmé, possédé par "le démon de l'analogie", multipliant les correspondances entre lieux, sons, couleurs, visages, états d'âme : "N'est-ce pas d'ailleurs par un sentiment inné des analogies désirables qu'il était venu vivre à Bruges dès son veuvage ? Il avait ce qu'on pouvait appeler 'le sens de la ressemblance', un sens supplémentaire, frêle et souffreteux, qui rattachait par mille liens ténus les choses entre elles, apparentait les arbres par des fils de la Vierge, créait une télégraphie immatérielle entre son âme et les tours inconsolables."


L'harmonie de ces liens secrets, tissés par le fil de la conscience finit par être menacée par la femme, celle qui ressemblait tant à la morte. Au fur et à mesure qu'il se rapproche d'elle et que le temps passe, Viane s'aperçoit à quel point la vivante est inférieure à la morte vénérée. Mascarade douloureuse et carnaval manqué, la désillusion commence le jour où il voulut faire revêtir à Jane les robes de l'épouse décédée. Le jeu de la frivole demoiselle écorche son souvenir, menace d'effriter l'idéal. Ne le supportant pas, Hugues Viane cherche à se détacher de l'amante, en vain : pris au piège de la séduction et soumis au désir, le personnage oscille entre attirance et répulsion. Il choisira finalement de sauver l'idéal et le souvenir, assassinant l'amante pour avoir trahi l'image de la Morte, pour n'avoir pas compris ce "Mystère" qui reliait les choses, et qui résidait secrètement en lui. Les derniers mots redonnent vie à l'association ; le veuf, autre avatar du célibataire, se retrouve plus seul que jamais et Bruges-la-Morte se clôt par une litanie macabre : "Et Huges continûment répétait : 'Morte ... morte ... Bruges-la-Morte ....' d'un air machinal, d'une voix détendue, essayant de s'accorder : 'Morte ... morte ... Bruges-la-Morte ....' avec la cadence des dernières cloches, lasses, lentes, petites vieilles exténuées qui avaient l'air - est-ce sur la ville, est-ce sur une tombe ? - d'effeuiller languissament des fleurs de fer !"


Dans son monde imaginaire baigné de correspondances, un univers clos sur lui-même, Hugues Viane vit dans la solitude. Sa tentative d'y introduire une femme, fût-elle le portrait vivant de l'épouse défunte, se traduit par un échec. Bruges, ville catholique vivant du culte de la douleur , représente l'existence morne et grise d'un homme qui ne sait plus vivre, et s'abîme exclusivement dans le souvenir. Impressions fortes, à la lecture : il y quelque chose de poignant, dans "ce drame de passion reflété dans l'eau tranquille"(4).

Brumeux et fantomatique.



Notes :
1. Lettre de Mallarmé, 28 juin 1892
2. Lettre de Léon Daudet.
3. Correspondances baudelairiennes :
voir notamment les deux premières strophes.
4. Lettre d'Alphonse Daudet. (Les trois lettres sont citées en entier
dans le dossier de l'édition GF de Bruges-la-Morte)


Images :
1. Fernand Khnopff - Etude de femmes
2. Bruges - vue de l'hôpital Saint Jean

Grisonnances

Avant d'entrer plus avant dans l'univers de Rodenbach, un extrait du texte-même. Parmi ceux qui m'ont interpelée ... Après tout, cela peut faire un bon "Texte-du-mois".

Et je reviens d'ici peu pour une critique plus détaillée de Bruges-la-Morte ...


Mélancolie de ce gris des rues de Bruges où tous les jours ont l'air de la Toussaint ! Ce gris comme fait avec le blanc des coiffes de religieuses et le noir des soutanes de prêtres, d'un passage incessant ici et contagieux. Mystère de ce gris, d'un demi-deuil éternel !

Car partout les façades, au long des rues, se nuancent à l'infini : les unes sont d'un badigeon vert pâle ou de briques fanées rejointoyées de blanc ; mais, tout à côté, d'autres sont noires, fusains sévères, eaux-fortes brûlées dont les encres y remédient, compensent les tons voisins un peu clairs ; et, de l'ensemble, c'est quand même du gris qui émane, flotte, se propage au fil des murs alignés comme des quais.

Le chant des cloches aussi s'imaginerait plutôt noir ; or, ouaté, fondu dans l'espace, il arrive en une rumeur également grise qui traîne, ricoche, ondule sur l'eau des canaux.

Et cette eau elle-même, malgré tant de reflets : coins de ciel bleu, neige des cygnes voguant, verdure des peupliers du bord, s'unifie en chemins de silence incolores.

Il y a par là, par un miracle du climat, une pénétration réciproque, on ne sait quelle chimie de l'atmosphère qui neutralise les couleurs trop vives, les ramène à une unité de songe, à un amalgame de somnolence plutôt grise.

C'est comme si la brume fréquente, la lumière voilée des ciels du Nord, le granit des quais, les pluies incessantes, le passage des cloches eussent influencé par leur alliage, la couleur de l'air - et aussi, en cette ville âgée, la cendre morte du temps, la poussière du sablier des Années accumulant, sur tout, son œuvre silencieuse."
Images : Fernand Khnopff - Bruges-la-Morte

Penses-tu réussir ! Penses-tu réussir ! C'est le refrain qui scande les journées de Vallonges, jeune homme fin-de-siècle dont les années de jeunesse nous sont données à voir. Il y a quelque chose de très actuel dans cette éducation sentimentale d'un autre type. Serait-ce parce que l'on retrouve notre temps, tellement blasé, en proie au doute, entre deux phrases ? Peut-être ...

Peut-être aussi parce que ce drôle de "roman", tout en fragments, tirets et poins de suspension, est d'une étonnante modernité. Nous avons affaire, dans
Penses-tu réussir, à une écriture de la discontinuité : plutôt qu'un récit traditionnel et suivi, Jean de Tinan livre une somme d'impressions, pas toujours reliées entre elles. Entre les paragraphes, espacés de blanc, l'imagination du lecteur s'amuse à combler les trous. D'un ton désinvolte, comme en pleine conversation, Vallonges nous conte ses histoires, ses douleurs passées et ses espoirs déçus, mêlant lyrisme et désinvolture. Il y a dans ce ton, dans cette mise à distance quelque chose qui m'a rappelé Laforgue ... Dans cet ouvrage disloqué, divers voix se succèdent : celle de l'ami de Raoul de Vallonges, celle de Vallonges lui-même, celle aussi d'un narrateur inconnu, qui fait irruption de temps à autres, en plein milieu du récit. Parenthèses, développements inattendus, intrusions de l'auteur, le texte de Penses-tu réussir ! est placé sous le signe de la désinvolture et du jeu. Et tout en multipliant les clins d'oeil, il retrace habilement le portrait d'une époque finissante ...


"- T'es-tu déjà dit qu'il y avait des jours où l'on se bâtissait posément de petits Châteaux-en-Méthode et d'autres jours où l'on courait comme un enfant fou à travers les chambres desdits châteaux ? ...
- ...
- ... je suis dans un des seconds jours, mon vieux, j'ai envie de chambarder tous les meubles de ma chère sensibilité ... Je suis ravi de t'avoir là pour te dire des phrases ... Je te verse de vieux fonds de bouteille d'émotions - tu vois - avec de mauvaises métaphores, on en a des stocks à écouler comme cela."


Appartenant à la veine des romans de célibataire, Penses-tu réussir ! traite de l'impuissance d'aimer. Le titre, teinté d'ironie, scande les tentatives et les espoirs de Vallonges. Ses espoirs amoureux, mais aussi ses espoirs littéraires. L'écriture (et la difficulté d'écrire) est par ailleurs constamment mise en scène au cours du récit: Raoul de Vallonges, que l'on doit bien voir comme un littérateur, n'hésite pas à livrer au lecteur ses petites créations, inachevées et souvent dépréciées. Il tentera également un essai sur Cléo de Mérode, célèbre danseuse de l'époque ; à peine commencé, déjà abandonné : "Cet essai ... Je vais avoir l'intention de le faire". L'ombre de l'échec plane sans cesse au-dessus du texte, qui régulièrement se tait, laisse la part belle aux blancs, aux tirets, aux points de suspension. Penses-tu réussir ! est une œuvre où le silence a la part belle ... Roman morcelé, livre sur rien, "petits exercices ... pour s'exercer" ...


Chère petite vie variée va ! ... Allez donc en faire des romans autobiographiques ! C'que ça se suivrait !"



Une autre inquiétude plane autour du roman ... Papillonnant de cafés en cafés, de femmes en femmes, le "moi" ne risque-t-il pas de s'égarer ? Le décor du roman prend alors toute son importance : théâtres de variétés, cafés et cabarets reflètent la folle diversité, la perpétuelle métamorphose. Comédie sociale et pantomime se rejoignent, se confondent : n'est-ce pas, au fond, la même chose ? Alors, à son tour, la dissolution du texte mime celle du monde environnant, celle de l'individu. Au final, Jean de Tinan écrit sur l'impossibilité d'aimer, d'écrire ... Mais aussi sur la difficulté de vivre. A travers le cheminement de Vallonges, il montre les douleurs et les désillusions attachées à l'Idéal ("
Penses-tu réussir !") , invitant à prendre la vie comme elle est, simplement. Le dernier chapitre nous montre la fin du parcours de Vallonges : à l'invitation d'une symbolique sirène l'incitant à la suivre dans le monde du Rêve, il répond par un refus : "Ce n'est pas votre Rêve que je méprise ... mais je ne suis sûr que d'une chose, c'est de vivre - souffrez que je m'y tienne et n'y renonce pas si facilement. Je m'y plais aujourd'hui, et cela n'a pas été sans peine ..." Va-t-il réussir ? L'interrogation reste ouverte ...


En tout cas, ce fut avec un grand plaisir que j'ai découvert la prose légère et enlevée de Tinan. Entre humour, désinvolture et désillusion, Penses-tu réussir ! est un livre beau et touchant, respirant la jeunesse et la nouveauté. Lorsqu'il le composa, l'auteur était âgé de 23 ans. Il mourra un an plus tard ...

Je crois que de moi et de ceux qui me ressemblent, on pourrait dire qu'ils miment la vie au lieu de la vivre, en croyant la vivre - ils font des gestes - Ils baisent des mains, ou ils écrivent des livres, ils sanglotent d'amour, ou ils causent avec leur éditeur ; comme des Pierrots de comédie italienne. Ils ne sont même pas sincères : ils miment. Et puis un jour ils s'aperçoivent qu'ils sont vides, qu'ils n'existent pas. Et ils continuent à mimer, par habitude, par paresse - ou bien ils deviennent enragés veulent se conquérir, s'efforcent par tous les moyens, et alors ... échouent ou réussissent ?"
Extrait de la correspondance de Tinan avec André Lebey



Images : 1. Icollagraphs, Deviantart
2. Apocalyspe-ae, Deviantart

Après quelques hésitations, je me suis décidée à écrire cette note, et à revenir sur mes projets initiaux. Adepte des listes à thèmes et des lectures ciblées, je me rends compte, soudain, que la liste que j'ai constituée vers Novembre ne correspond plus du tout à mes envies de lecture. Du moins pour le moment. Voilà quelque chose qui arrive. La plupart des ouvrages cités attendent dans mes étagères, mais je ne me résous jamais à les saisir, et je choisis volontiers des chemins de traverse ...
C'est pourquoi j'ai décidé, alors que Février touche à sa fin, de changer de thème et, par conséquent, de liste. Seuls quelques titres resteront communs à ces deux projets de lecture. Je ne renonce pas, bien entendu, à lire et à parler théâtre. Je voudrais juste m'accorder plus de temps et garder ces lectures-là comme de petits encas rafraichissants à placer entre de plus gros ouvrages. Un challenge personnel, en somme. Et sur un plus long terme. L'ancienne liste bascule donc dans la catégorie Défis littéraires et sera complétée, presque comme prévu.

Et j'en profite pour vous présenter ma nouvelle liste, dédiée en grande partie à la littérature fin-de-siècle (dans une acception assez large du terme) qui me fascine, et vers laquelle je ressens l'envie de me tourner., ces temps-ci . Beaucoup de lectures porteront sur cette période particulière de la littérature, avec alentours, quelques petits ex-cursus, presque toujours motivés (souvent, des œuvres importantes ayant précédé la période). Je me suis permis de comptabiliser les billets écrits en janvier et février et correspondant plus ou moins à ce thème. Vous devez me trouver bien inconstante, mais le plaisir de lecture avant tout !

Les choses peuvent à présent reprendre leur cours ...

A bientôt !



Lectures fin-de-siècle


~ A
Alphonse Allais

~ B
Barbey d'Aurevilly, Les diaboliques (Lu !)
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse (PAL)
~ C
Champsaur Félicien, Lulu (PAL)

~ D
Darien Georges, Gottlieb Krum
Dumur Louis, Albert (PAL)

~ E
Eekhoud, Escal-Vigor (Lu !)

~ F
Flaubert, Bouvard et Pécuchet (Lu !) ~ Petit ex-cursus.

~ G

Gide André, Paludes (Lu !)
Gourmont, Rémy de

~ H
Huysmans, Là-bas (PAL)

~ I
Ibsen, Un ennemi du peuple

~ J
Jarry, Ubu roi (Lu !)

~ K
Kahn Gustave, Le cirque solaire

~ L
Lorrain Jean, Princesses d'ivoire et d'ivresse (Lu !)
Laforgue Jules, Les complaintes
Lautréamont, Les chants de Maldoror

~ M
Mirbeau Octave, Le jardin des supplices (Lu !)
Mirbeau, Les affaires sont les affaires
Mendès Catulle, Le chercheur de tares
Mauclair Camille, Le soleil des morts


~ N
Nietzsche, Le crépuscule des idoles

~ O
x

~ P
Proust, Du côté chez Swann (Lu !) ~ Petit ex-cursus.

~ Q
Quincey, De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts ~ Petit ex-cursus.

~ R
Rodenbach, Bruges-la-Morte (Lu !)

~ S
Schwob, Coeur double (Lu !)
Schwob, Le livre de Monelle

~ T
Tinan Jean de, Penses-tu réussir ! (Lu !)

~ U
x

~ V
Villiers de l'Isle-Adam, L'ève future (PAL)

~ W
Wilde, Salomé (Lu !)
Wedekind, Lulu (PAL)

~ X, Y, Z
Zola, L'œuvre

Articles plus récents Articles plus anciens Accueil