La bibliothèque.

A peine créé, ce blog s'est tu, un peu trop vite. J'ai pourtant des choses à dire -je crois. Rien qu'un peu. Cependant, je pense que l'on m'excusera. Ces vacances ci, j'ai rangé beaucoup de choses, et pas encore assez : mes idées, mes envies, mes doutes. Et mes livres.


Ce fut une expérience plus significative qu'on pouvait croire, au début. J'ai vidé toutes les étagères, bougé les meubles, le sol rempli de feuilles et de bouquins. Des piles de livres qui s'effondraient, classés par lettres, par destination. Là ce sera les romans, là les pièces de théâtre. La poésie, elle, ce sera en bas dans le bureau, les livres d'histoire aussi, ceux de littérature accompagneront. Restait à classer par ordre alphabétique les romans. Surprise, quand je tombais soudain sur un livre ... Que j'avais lu, mais dont je ne me souvenais pas. Rien, pas un nom, ni une bribe d'histoire. J'ai souvent eu la mémoire courte, pour ces choses là. Sans doute parce que je dévore trop, parfois. Là, les examens se profilent, les livres s'empilent et je me promets, secrètement, de me remettre à tous mes livres pour les vacances, ceux rien qu'à moi, ceux que j'ai choisis par coup de tête, saisis dans une librairie, en me disant "ah oui, celui-là ça fait longtemps que j'ai envie de le lire." Ces livres saisis à la va-vite se mêlent aux oubliés, aux classiques lus et relus, à ceux qui touchent et ont fait frissonner, ceux qu'on n'ose même toucher tellement ils ont blessés. Tout ça dans l'ensemble hétéroclite d'une étagère.

J'aime l'objet livre. Le livre qu'on choisit plutôt qu'un autre parce que l'illustration de couverture nous parle plus, pour un papier plus agréable au toucher. Le vieux livre, ou le livre qui a déjà appartenu à quelqu'un, les pages jaunies et leur odeur de poussière, si bien qu'on hésite toujours à l'emmener partout avec soi. Et là, tous se côtoient, et je n'ai plus qu'à piocher mes heures, dans ma petite bibliothèque.


Les Mille et Une Nuits

Contes orientaux pour les nuits de solitude.



Certes, c'est bien ce qu'on appelle une lecture-pour-les-cours, mais cela ne m'a pas empêchée de découvrir cette oeuvre avec un grand plaisir. Je me suis rendue compte non sans amusement qu'on se laisse réellement prendre au jeu de cette histoire. En quelques mots, juste pour rappeler : Le sultan, après avoir été trompé par sa femme, décide d'épouser chaque soir une jeune fille et de la mettre à mort le lendemain. La fille du grand vizir, Sheherazade, se porte volontaire, habile conteuse, elle monte un stratagème qui consiste à raconter un (ou des) conte(s) avant le lever du jour, attisant la curiosité du sultan, qui diffère la mort de la jeune femme pour entendre la suite.

A la lecture, cela se traduit tout simplement par une impossibilité totale de s'arrêter, on plonge dans le récit et on se fait avoir à chaque fois, curieux que l'on est, et l'on se surprend à passer à la Nuit suivante, pour connaître ce qui se passera ensuite. Récit mosaïque, aux récits enchâssés de façon complexe, et qui mérite plus d'attention qu'on ne voudrait croire. Mises en abyme où la conteuse évoque des conteurs au sein même de son récit, et ainsi de suite. A cela s'ajoute la récurrence de certains motifs (la mise à mort imminente et toujours évitée au dernier instant, que l'on retrouve à travers l'image du sabre en l'air, image qui termine souvent le récit d'une nuit, au point du jour, moment où le suspense est à son comble ...) Je crois qu'on peut même dire qu'il amorce un questionnement sur la liberté, l'arbitraire du pouvoir. On se plaît à croire également qu'il s'agit d'un livre naïf et bien simple, mais Galland nous livre une version multiple, en plein jeux de miroirs ... Cela donne un ouvrage d'une grande richesse que je me suis fait un plaisir de découvrir.


Image : Illustration de Dulac

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