Trois hommes dans un bateau ~ encart victorien.
Publié par Aphonsine aux alentours de mardi, mars 10, 2009[Billet-express]
Après ces quelques jours de silence, je reviens dire quelques mots à propos de l'ouvrage de Jerome K. Jerome, connu sous le nom de Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien !). J'avais eu l'intention, l'année dernière, de découvrir ce livre, présenté partout comme plaisant et drôle, l'intégrant à mes lectures à thème mais j'ai du renoncer à cette idée, ne trouvant pas l'ouvrage. Jerome K. Jerome fut alors remplacé par Henri James, et je n'y ai plus trop pensé ... C'était sans compter sur Lou, que je remercie encore ! J'ai donc découvert ce drôle de petit ouvrage, et tout en ayant quelques réserves à émettre, j'ai passé un agréable moment de lecture, ponctué de nombreux sourires et éclats de rire.
On ne connaît souvent qu'une face du monde victorien. A ce mot, certains se représenteront les grandes fresque sociales à la Dickens, d'autres s'imagineront de belles parures et des maisonnées respectables. On ne connaît pas forcément le monde des commerçants de rien et des petits employés de bureau. C'est de ce monde-là dont Jerome K. Jerome nous parle ... Son ouvrage lui-même se fait le reflet d'une culture nouvelle, qui se construit en opposition aux productions du roman populaire, considéré comme un genre bas, sans pour autant arriver aux raffinements d'une élite intellectuelle. Reflet d'une littérature intermédiaire, Trois hommes dans un bateau récolta le mépris des tenants de la critique, jugeant le livre bas et prosaïque. "Auteur de dixième ordre" dira l'un, "Humour pauvre, limité et décidément vulgaire" dira l'autre, et un dernier ne manquera pas d'écrire à son propos : "Un exemple des tristes conséquences à attendre de l'excès d'éducation parmi les classes inférieures."
Et il est vrai qu'à bien y regarder, ça ne fait peut-être pas partie de ce qu'on appelle, d'un ton ronflant, la "grande littérature". Les digressions sur la Tamise, les considérations pseudo-historiques, ou pseudo-philosophiques - qui devaient, initialement, représenter la plus grande part du texte - ne me semblent pas apporter grand chose et j'avoue avoir bondi, parfois, d'un paragraphe à l'autre. Ce n'est pourtant pas mon genre. Mais malgré cela, il y a quelque chose qui rattrape l'ouvrage et qui fait qu'on le lit, avec plaisir, et qu'on se laisse porter, de pages en pages. C'est l'humour. Trois hommes dans un bateau est un bijou de drôlerie et de non-sens. Poussant à l'extrême la logique des institutions victoriennes et des codes sociaux, Jerome donne à voir, non sans ironie, des situations absurdes, aussi drôles qu'effrayantes. D'un ton familier et goguenard, il montre du doigt les respectabilités, se faisant un plaisir de les voir tomber à l'eau. N'en faisons pas un contestataire, mais il reste que ses remarques désinvoltes et ses petites histoires tiennent en haleine et font rire. Rire des respectabilités, des prétentions des gens, quoi de plus agréable ?
Si l'ouvrage ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable, Trois hommes dans un bateau a le mérite de décrire les rouages d'un monde sous un oeil nouveau. : celui d'une "classe moyenne" émergente, qui tente de bâtir sa propre culture. Je ne peux qu'inviter ceux ayant besoin d'un agréable délassement (quelques jours au bord de la Tamise ?) d'essayer de suivre George, Harris et le narrateur (sans oublier Montmorency !) sur les berges du fleuve. Trois compagnons qui, s'ils peuvent nous sembler un peu rustres ou médiocres, n'en sont pas moins proches de nous. Bien au contraire. Sur ce, je retourne lire Paludes de Gide. Qui m'enthousiasme beaucoup.
Et il est vrai qu'à bien y regarder, ça ne fait peut-être pas partie de ce qu'on appelle, d'un ton ronflant, la "grande littérature". Les digressions sur la Tamise, les considérations pseudo-historiques, ou pseudo-philosophiques - qui devaient, initialement, représenter la plus grande part du texte - ne me semblent pas apporter grand chose et j'avoue avoir bondi, parfois, d'un paragraphe à l'autre. Ce n'est pourtant pas mon genre. Mais malgré cela, il y a quelque chose qui rattrape l'ouvrage et qui fait qu'on le lit, avec plaisir, et qu'on se laisse porter, de pages en pages. C'est l'humour. Trois hommes dans un bateau est un bijou de drôlerie et de non-sens. Poussant à l'extrême la logique des institutions victoriennes et des codes sociaux, Jerome donne à voir, non sans ironie, des situations absurdes, aussi drôles qu'effrayantes. D'un ton familier et goguenard, il montre du doigt les respectabilités, se faisant un plaisir de les voir tomber à l'eau. N'en faisons pas un contestataire, mais il reste que ses remarques désinvoltes et ses petites histoires tiennent en haleine et font rire. Rire des respectabilités, des prétentions des gens, quoi de plus agréable ?
Si l'ouvrage ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable, Trois hommes dans un bateau a le mérite de décrire les rouages d'un monde sous un oeil nouveau. : celui d'une "classe moyenne" émergente, qui tente de bâtir sa propre culture. Je ne peux qu'inviter ceux ayant besoin d'un agréable délassement (quelques jours au bord de la Tamise ?) d'essayer de suivre George, Harris et le narrateur (sans oublier Montmorency !) sur les berges du fleuve. Trois compagnons qui, s'ils peuvent nous sembler un peu rustres ou médiocres, n'en sont pas moins proches de nous. Bien au contraire. Sur ce, je retourne lire Paludes de Gide. Qui m'enthousiasme beaucoup.
Encore merci à Lou qui a permis cette découverte !
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Je n'ai jamais lu ce livre, mais j'en ai souvent entendu parler. Tu dis que ce n'est pas de la "grande littérature", je suis intriguée, car c'est considéré comme un classique. En tous cas, tout ce que tu dis de ce livre ravive l'urgence de le lire pour moi :)
Anonyme a dit…
mercredi, 11 mars, 2009
J'en ai beaucoup entendu parlé et le roman de Connie Willis Sans parler du chien y fait beaucoup référence. Il me fait très envie!
Anonyme a dit…
vendredi, 13 mars, 2009
Tout pareil que Chifonnette : j'en avais déjà beaucoup entendu parler et de lire "Sans parler du chien" à décupler mon envie de le lire!
Anonyme a dit…
samedi, 14 mars, 2009
Cryssilda : A mes yeux, un classique ne signifie pas forcément un livre de qualité. Il peut y avoir de multiples raisons pour lesquelles on a retenu certains livres du passé et non d'autre. Sache en tout cas que si les digressions sur la Tamise ne sont pas toutes très intéressantes, l'humour de ce petit livre est très efficace. C'est un récit fort agréable, pour un bon moment de délassement (et qui n'est pas sans quelques petites provocations particulièrement agréables).
Chiffonnette : Connie Willis ? Inconnu au bataillon ! Mais je suis sûre que Montmorency (le nom du chien dans Trois hommes dans un bateau) doit être très fier. ;)
Loula : En espérant que tu trouveras plaisir à découvrir ce plaisant petit ouvrage.
Merci à vous trois pour vos commentaires.
Aphonsine a dit…
mardi, 17 mars, 2009
Je suis ravie de voir que mon petit cadeau de remerciement victorien t'a amusée :) Je le lirai cette année aussi je pense, mais j'ai le titre précédent dans ma PAL (je ne savais pas qu'il y avait plusieurs aventures de ces trois hommes avant).
Je suis d'accord sur ce que tu dis au sujet de la grande littérature (d'ailleurs "La Dame en Blanc" de Collins n'est pas non plus un "grand roman" au sens "habituel" du terme, du moins c'est mon impression). Mais les romans populaires classiques ont beaucoup de mérites : vue différente sur leur époque, humour, action... parfois un roman populaire classique est tout aussi facile à lire qu'un best-seller contemporain, mais il a souvent des qualités en plus à mes yeux. On pourait par exemple citer Dumas aussi, Ponson du Terrail ou peut-être Le Fanu et Sue... la liste est longue !
Anonyme a dit…
jeudi, 19 mars, 2009
Lou : Oui, ça m'a beaucoup plu ! Je suis d'ailleurs assez d'accord avec toi à propos de l'intérêt des oeuvres considérées comme secondaires ... En général, elle permettent bien mieux de sentir, de cerner les mentalités du temps, de voir un petit peu ce qui plaisait, ce qui déplaisait à une époque donnée ... En ce sens lire "La porteuse de pain" de Xavier de Montépin, livre complètement oublié aujourd'hui, mais feuilleton qui a connu un énorme succès fin XIXème siècle, peut être riche d'enseignement. D'ailleurs, toujours en parlant de ce genre de littérature, j'ai "Les mystères de Paris" de Sue, et "Les mystères de Londres" de Féval à découvrir ...
Je ne placerai pas exactement "Trois hommes dans un bateau" dans cette mouvance roman-populaire/roman-feuilleton, Jerome K. Jerome a une réelle ambition, et il tente de construire quelque chose de nouveau.
En tout cas, ça m'a appris pas mal de choses à propos de la société victorienne tout en me faisant beaucoup rire. Que demander de plus ?
Encore merci ;)
Aphonsine a dit…
samedi, 21 mars, 2009
en tout cas je te conseille aussi de lire "Sans parler du chien", en ayant lu "Trois hommes et un bateau" avant ça doit être pas mal aussi.
Loula a dit…
vendredi, 03 avril, 2009