On ne peut manquer d'être un peu décontenancé par le roman de Flaubert intitulé Salammbô. Après tout, on nous a toujours dit, d'un ton parfaitement didactique, que Gustave Flaubert était un grand écrivain réaliste et qu'il avait écrit Madame Bovary ou encore L'éducation sentimentale. A cela s'ajoute une mention au mythe du gueuloir, et souvent cela s'arrête là. Cette œuvre d'un tout autre genre existe, pourtant. Elle nous conte l'histoire de l'antique Carthage, à l'époque des guerres puniques. Les mercenaires employés pour combattre Rome réclament leur solde et un conflit sans merci s'engage entre ces troupes de guerriers nomades et l'antique cité. Au centre, Mathô, chef des mercenaires lybiens et la fille d'Hamilcar, Salammbô.
Carthaginoiserie ou chef d'œuvre ? La critique contemporaine s'est divisée ; aujourd'hui encore, on hésite face à ce roman si difficile à caser dans un tiroir. Pour l'écrire, Flaubert s'est particulièrement bien documenté, se basant sur de grands noms de l'histoire gréco-latine : Pline l'Ancien, Polybe, Xénophon ou encore Plutarque. Par ailleurs, le style de Flaubert semble très proche de la syntaxe latine, reflétant une conception de l'histoire et une langue d'un autre temps, friande d'énumérations, de brefs commentaires et d'analyses. Froidement, il décortique les évènements et les caractères de ses personnages, nous permettant d'approcher cette civilisation inconnue tout en maintenant une distance infranchissable entre elle et nous. L'atmosphère de Salammbô est véritablement troublante, reflétant l'image d'une civilisation détruite et oubliée, d'un monde empli de religiosité et de mysticisme. L'atout de cet étrange roman, c'est sa puissance d'évocation : Flaubert nous met devant les yeux un spectacle chatoyant et incompréhensible, beau et terrible à la fois. Certaines scènes sont particulièrement fortes, à l'image de ces mouvements de foule, empreints de frénésie, dans un élan à la fois violent et sensuel.
Il m'est assez difficile d'en parler plus précisément car, en plus d'être assez lointaine, cette lecture m'a assez fortement déstabilisée. J'ai été heureuse de découvrir un Flaubert que je ne connaissais pas encore, à travers cette drôle d'histoire folle et exotique. Pour clore ce billet, je propose ici quelques mises en image de Salammbô, cherchant par là à illustrer cette masse indistincte d'impressions qui me reviennent à la pensée de cet étrange roman.
Gaston Bussière, Salammbô
Libellés : Arts et Spectacles, Challenge ABC 2008, Lecture
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