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Il y a 8 mois
"Attention, roman euphorisant !" clamait le petit papier ornant la couverture de ce livre, en librairie. Voilà la manœuvre commerciale éhontée à laquelle se sont livrées les éditions Garnier Flammarion. Et ça a marché : j'ai saisi le livre, contemplé l'illustration, lu la quatrième de couverture ... (Pour les voir, il suffit de cliquer ici) Et me voilà partie avec. J'ai gardé le petit papier, afin d'orner certains livres avec, dans de viles manœuvres d'auto-persuasion.
Mais si ce n'est pas réellement l'intrigue qui intéresse l'auteur et/ou retient le lecteur, que trouve-t-on tout au long des 300 pages de ce roman ? Si je mets depuis tout à l'heure des photos de jeunes filles dénudés pour illustrer cet article, une partie de la réponse vous est peut-être déjà venue : Les aventures du roi Pausole baigne dans un érotisme ambiant, du début à la fin. Léger, souvent bien plus suggestif que descriptif, mais bien là. En passant, l'auteur développe un des thèmes qui semblent lui être assez chers : celui du saphisme, à travers la fuite de la princesse Aline avec Mirabelle, qui devient son initiatrice. Au-delà de ça, Tryphème apparaît comme le lieu des plaisirs décomplexés, et l'amour y est décrit comme quelque chose de naturel et allant de soi. Et derrière un ton apparemment léger se cachent des réflexions sur l'amour, la nudité, la sexualité et la morale. Par ce récit, Louÿs livre une forme particulière d'utopie, répondant à des idées déjà exposées ailleurs dans ses écrits, où il défend la sensualité en lui retirant toute notion de péché et fait l'éloge de l'amour libre. En conclusion, Pausole n'est pas un roman à recommander à de prudes lecteurs ... Je remarquerai d'ailleurs, à ce niveau là, qu'en choisissant de telles photos pour illustrer mon article, je trahis assez le propos du roman : il n'est rien de pire aux yeux des Tryphémois, et aux yeux de leur roi qu'une semi-nudité, "favorisant le nu mais blamant le transparent". Eloge de la simplicité et de la franchise, condamnation de l'artifice et de l'implicite. Mais il n'est pas coutume, même aujourd'hui, d'orner un blog de lecture de photos d'une nudité crue et sans aucune dissimulation : pourquoi pas choisir alors d'entrer dans le paradoxe ... ? C'est donc bien un conte à connotation érotique que l'on trouve sur la plume de Pierre Louÿs, mais ce serait énormément appauvrir le texte de n'y voir que cela. Avec espièglerie et légèreté, l'auteur livre également une satire, contre la pruderie certes, mais aussi contre une bureaucratie montante, contre les institutions. Quand il rencontre M. Lebirbe, président de la Ligue contre la licence des intérieurs, figure parodique de Béranger et de sa Ligue contre la Licence des Rues, et que ce dernier après avoir développé des idées assez proches des siennes (et de celle de Louÿs) propose d'imposer la nudité obligatoire, de pousser les jeunes à respecter ces idées à travers la progande, Pausole s'anime et sort de sa sérénité habituelle pour déclarer avec passion : "Imposer le nu sur la voie publique ! Mais voyons, monsieur Lebirbe, ce serait aussi ridicule que de l'interdire !" S'ensuit une petite tirade que je trouve plaisante et que je recopie en bas de cet article ... Ainsi, plus loin qu'une exaltation de la sensualité, Le roi Pausole aborde, poétiquement, des questions bien plus graves qu'il n'y paraît. Le tout habilement dissimulé derrière le sous-entendu et le non-dit. C'est au lecteur finalement de débrouiller l'affaire et d'entendre par lui-même, dans cet étrange écrit, sorte de monstre merveilleux qui tient à la fois du roman contemporain et du conte XVIIIème, la résonance des propos de l'auteur. Roman court à l'écriture fluide et élégante, à la prose soignée et parfois poétique, Les aventures du roi Pausole m'a amusée, déconcertée, et j'en suis sortie le sourire aux lèvres. "Surprenant de délicatesse".Libellés : Lecture
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Hé hé : Puisque tu l'as fini, tu vas pouvoir me le prêter ! :-P
Vu que les intrigues prétextes à "discours" philosophiques ne m'effraient pas, et que, de plus, ceux de ce livre semblent tout à fait de mon goût, je suis très impatient de pouvoir le lire ! Enfin, si tu veux bien me le prêter bien sûr !
* Mode Clélie * "Hé ! Madame, de grâce ! Souffrez que l'on implore de vous l'honneur d'une lecture que vous vantez si profitable et si divertissante ! Joint que les passages impudiques par vous relevés, loin de diminuer mon imprudente curiosité, la redouble tout au contraire d'un zèle indiscret !"
Glyndŵr a dit…
samedi, 01 novembre, 2008
Bien sûr que je vais te le prêter ! En espérant que tu le lises vite, que l'on puisse confronter nos impressions.
Je profite de ce commentaire pour signaler un très beau site sur Pierre Louÿs, qui contient pas mal d'informations et d'images intéressantes. Pour ceux qui voudraient en savoir et en voir un peu plus : http://www.pierrelouys.fr/
Aphonsine a dit…
samedi, 01 novembre, 2008
Ce conte philosophico-érotique est très tentant. Le roi Pausole est-il mis face à ses contradictions ou reste-t-il un personnage un peu falot ?
Anonyme a dit…
mardi, 04 novembre, 2008
Oui, il est mis en face de ses contradictions, par la fuite de sa fille, la révolte des femmes du harem, et il en arrivera à des conclusions bien différentes de son petit quotidien bien rangé. Le roi falot profite donc de cette expérience pour en tirer un enseignement.
Merci pour le commentaire ! ;)
Aphonsine a dit…
mardi, 04 novembre, 2008
I was drawn in by the eye-catching cover and description.
Mallory a dit…
dimanche, 16 février, 2025