Résumé : Le récit est celui d'une jeune femme, gouvernante de deux orphelins, beaux, sages et adorables. Secrètement amoureuse de son employeur - l'oncle des enfants - , elle lui a promis de ne jamais l'impliquer dans l'éducation des deux petits. Elle part donc pour une grande et vieille maison de campagne, qui se révélera hantée par deux fantômes malveillants, les spectres d'anciens domestiques, sombres, antipathiques et semblant vouloir s'en prendre aux enfants.



Le tour d'écrou est un conte macabre magistralement mené, à l'écriture agréable et détaillée. James parvient sans peine à distiller la peur, subtilement, et finit par disparaître à la fin de l'histoire, en laissant toutes les clés à un lecteur empli de doute. Il s'agit d'un récit ambigu, et l'on ne saura finalement jamais s'il y a bien eu des revenants, ou si tout n'a été que le fruit de l'imagination morbide de la gouvernante. Sans cesse, à la lecture, on oscille entre l'une et l'autre option ; on se prend à soupçonner la trop grande perfection des enfants qui nous apparaissent diaboliques au détour d'une phrase avant de nous reconquérir d'un sourire angélique. On prend parfois ses distances face à l'hystérie et la paranoïa de la gouvernante, avant de frissonner à cause d'une ombre entrevue par la fenêtre. Je me suis laissée prendre au jeu alors que je lisais en pleine nuit, enveloppée des brumes du silence, et complètement absorbée par ce conte terrible. Ce livre m'a rappelé finalement un film que j'avais vu il y a quelques années, Les autres. J'ai cru lire qu’il s'était un peu inspiré de cette histoire. On retrouve cette ambiguïté dévorante, ce sentiment de solitude de la protagoniste face à des phénomènes qui la dépassent et à l'incompréhension des autres personnages. En revanche, la chute est très différente car le film révèle le surnaturel - un surnaturel inattendu, mais il est bien là. Le livre, lui, nous jette cette fin brutale, et nous laisse avec des interrogations et des angoisses plein la tête. C'est un véritable jeu de lumières et d'illusions que cette nouvelle étrange et dérangeante, où les scènes ensoleillées de campagne dissimulent des pendants bien plus sombres et fantasmagoriques.


"Il y a des obscurités accidentelles qu'il faut dissiper [...] Mais il est aussi une obscurité essentielle qui appartient à l'oeuvre en tant que telle. Et celle-là, loin d'être supprimée, doit être goûtée dans son charme trouble. On n'éclaire pas le clair-obscur, ce qui reviendrait à le dissiper, on doit se contenter d'en jouir. L'ambiguïté se joue, dans le Tour d'Ecrou, entre la réalité et l'illusion du surnaturel."
Extrait de Louis Vax, Art et littérature fantastiques.



Musique : Opeth - To Rid The Disease
Image : Travis Smith - Opeth's Artwork

12 billet(s):

Après lecture de ton article, ce livre m'intrigue...je vais aller voir si je le trouve à la biblio !

jeudi, 23 août, 2007  

brrr.. intrigant mais effrayant !

vendredi, 24 août, 2007  

Ah, justement, je l'ai emprunté hier :), j'en avais entendu déjà beaucoup de bien,et ton avis ne fait que renforcer mes impressions^^.
Bref, je repasserai quand je l'aurai lu :D

samedi, 25 août, 2007  

Oui, je serais curieuse de savoir ce que vous en avez pensé, une fois la lecture terminée ! ;)

mardi, 28 août, 2007  

et bien c'est rudement efficace...

samedi, 27 octobre, 2007  

"Morbide" est un terme qui ressort au vocabulaire de la maladie, et non à celui de la mort. Je pense que le mot que tu voulais utiliser dans ton article est "macabre"?

lundi, 17 mars, 2008  

Anonyme : Oui c'est bien cela, désolée pour cette imprécision et merci d'avoir corrigé ;)

lundi, 31 mars, 2008  

Je viens de lire ce livre, mais je n'est pas trop compris qui raconte l'histoire , douglas, la bonne l'auteur etc.. pouvez vous m'éclairerez svp

mercredi, 19 novembre, 2008  

Merci pour ce billet (qui date mais sur le web, la datation n'enlève rien à la pertinence).
Combien existe t-il de romans détenant autant de secrets de fabrication: envergure littéraire et capacité à obtenir du lecteur, sans violence, sans contrainte, qu'il pénètre SANS AVOIR LE CHOIX ET AVEC PLAISIR la matière même de l'écrit à la recherche éperdue du sens et des possibles...?

@ Malaurie:
quand on corrige les fautes de français des autres, on se doit d'être soi-même irréprochable, encore davantage quand on n'exprime aucun avis sur le sujet du billet... (sic)
Cela dit je pense que je te ferai plaisir en corrigeant tes propres fautes de français: "ressortIT" au, il s'agit du verbe ressortir à (relatif à, relever de...)et il ne se conjugue pas comme sortir...

vendredi, 25 septembre, 2009  

Mea culpa, il ne s'agit pas de mallaurie du 17 mars 2008.is de l'anonyme

vendredi, 25 septembre, 2009  

salut
j'ai débuté la lecture e cet ouvrage début janvier je viens de le finir aujourd'hui,j'ai fait une longue pause depuis le début de l'année je l'ai trouvé un peu monotone, j'ai repris la lecture aujourd'hui et je l'ai fini wéééé
mai j'étai déçue c'était pa vraiment ce ke j cherche ds un roman
et comme ds cet article ça ressemble au film de Nicole kidman "the others"
j'ai pa trop aimé l'histoire c'était vague et lent
mai c'etait une occasion pour découvrir le style de henry james
si vs connaissez d'autres oeuvres de lui veuiller me les suggérer merci

samedi, 24 juillet, 2010  

Parfois l'on a besoin de faire montre d'un esprit imaginatif,et surtout critique.je pense pour ma part que c'est plus litteraire,et le style de james est unique.pour ceux qui ne l'on pas encore lu,et beh bonne degustation!

mercredi, 14 mars, 2012  

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