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Il y a 8 mois

Notre grand poète Hayma Beyzar, chef de l'Ecole électro-suggestive, est sur le point de livrer à la publicité une série de poèmes destinés à un géraudélesque retentissement: le Chat-Noir, au prix des plus grands sacrifices, a obtenu communication des bonnes feuilles de cette oeuvre unique en son genre.
C'est, en la poétique et géniale instrumentation, la réalisation stupéfiante du rêve poursuivi jusqu'ici par la jeune Ecole : l'immensité de l'idée, en l'indéfinie concentration de la forme.
Conspuant la vieillotte conception des antiques gâcheurs de rimes, amplification affadie d'un thème en outrées et déclamatoires redondances indigent, le génie himalayesque du jeune Maître ne demande qu'au choc d'un mot -un seul - d'une syllabe même, la fulgurante étincelle qui éveillera chez le lecteur le courant sympathique et isotherme à celui du poète, et l'entraînera à sa suite dans l'inifini insondable des vides hypersidéraux.
Voici le joyau, en sa gigantesque simplicité :LES EXTASES
Poème monosyllabique
par
HAYMA BEYZAR
OH !!
FinNous ne ferons pas à nos lecteurs l'injure de paraphraser la pensée de l'auteur, limpide pour les initiés suffisamment.
Cependant, pour les quelques aveugles de l'autre côté du pont des Arts qui achèteraient ce numéro comme premier fascicule des Oeuvres complètes de M. Ohnet (le plus grand succès du siècle), nous nous faisons un devoir de souligner l'idée d'une glose timide et sommaire.
Dans le vocable générateur, ou mieux communicateur « oh ! », on re- marque qu'il convient de distinguer
1° La sonorité, ainsi que le grave bruissement des eaux des lacs, ou la mystérieuse harmonie des mondes, vague et voilée.
2° La couleur, violâtre et effacée, faisait songer aux horizons crépusculaires d'une mélancolique fin d'automne, ou, sous les primes attiédies d'avril, les parfums des grands bois.
3° L'odeur, affinée et délicate, comme de vanille subtilisée, — suaves senteurs de la vierge aux commençantes palpitations de son intimité charnelle émue.
4° L'articulation, douce, tendre, terminée par une quasi muette expiration signifiant palpitation ou presque ressaisi aveu, ravie adoration ; — ou forte, rude, avec finale râlante, exprimant la souffrance et réveillant la perturbation anhélante du pneumo-gastrique.
5» Les acceptions immédiates» : Prière, — Admiration, — Rêve, — Ivresse, — Elan, — Indifférence, — Doute, — Horripilation, — Souffrance, — Mépris, — Colère, — Reproche, — Horreur, — avec toutes leurs nuances.
6° Les acceptions homonymiques : Eaux, — Haut, — Os ; d'où envolement vers les cimes, les mers, les fortunes, — retour à l'origine squelettique des organismes.
7° Le sens hermétique ou symbolique ancien : « Ho.. », cryptogramme de l'homuncule ou microcosme — aperçu des mystères alchimiques et biologiques.
8° Le sens symbolique actuel ; « O», Ligne de Batignolles-Clichy-Odéon, lanternes rouges, idée apocalyptique de l'œil monstrueux des civilisations.
9° La notation chimique correspondante : «O », Oxygène, principe inéluctable de la vie organisée.
10° La notation algébrique "0", zéro, symbole du néant, simple neutralisation de l'Universel, qui y subsiste à l'état d'impérissable germe.
11° Toutes les notions inverses et anti-typiques qui se dégagent, par voie de contraste, des précédentes.
Si l'on analyse, disons-nous, l'ensemble des impressions virtuellement contenues dans le monosyllabe communicateur; — si l'on songe que de cette articulation naissent invinciblement, par un merveilleux procédé, par un mécanisme d'une admirable simplicité, des images, des sensations, des conceptions infiniment variées, d'une poésie tour à tour hiératique, macabre, tendre, voluptueuse, gourmande, hilare ou philosophique, d'une réalité d'autant plus intense que le sujet les a lui-même crées, sous l'effort d'assimilation terminologique ; — si l'on se rend compte qu'un mot suffit pour vous faire errer à travers les splendeurs d'un visible univers [...], on est contraint de proclamer qu'on se trouve ici en présence de la plus haute expression de la Poésie [...], qu'elle réalise enfin la condensation géniale et radieuse de l'UNIVERSEL.
Pour paraître prochainement, — Léon Vanier, éditeur :Ah ! (Les ravissements), un vol. in-32 avec planches.Eh ! (Les indignations), d° d°
Hi ! (Les Gaités), d° d°
Hue ! (Les Chevauchées) d° d°Les italiques du texte ont été remplacés par des caractères gras.
(Texte publié aujourd'hui dans l'anthologie Poètes du chat Noir)
Image : Steinlen - Affiche Chat noir
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La science cherche le général par le nécessaire; l'art doit chercher le général par le contingent ; pour la science le monde est lié et déterminé ; pour l'art le monde est discontinu et libre ; la science découvre la généralité extensive ; l'art doit faire sentir la généralité intensive ; si le domaine de la science est le déterminisme, le domaine de l'art est la liberté."


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Et en effet, il y a de quoi - sous réserve de n'être pas totalement blasé - frissonner. Voyez plutôt : meurtre, mutilation, vengeance destructrice, profanation des restes d'un enfant, ... Tout ou presque y passe. Nos diaboliques (des femmes, bien évidemment) attirent, fascinent, et terrorisent à la fois. Cela pour plusieurs raisons. La première parce que ces personnages se caractérisent par leur excès. Monstrueuses, ces femmes ne sont que démesures : plongeant dans le crime jusqu'au coup, elles atteignent finalement une forme de sublime. Inquiétantes et insaisissables, ce sont des hyperboles ambulantes. La seconde car l'intrigue n'est jamais complètement expliquée : ainsi, chacune des six histoires comporte des zones d'ombre. Et chaque femme étant décrite par des témoins extérieurs, il est finalement impossible au lecteur comme au narrateur de comprendre véritablement le fin mot de l'histoire. Afin d'entretenir ce lourd mystère qui plane d'un bout à l'autre du recueil, Barbey d'Aurevilly se plaît à répéter (à chaque nouvelle, ce qui en deviendrait presque lassant) que la femme qu'il nous décrit est un sphinx : incompréhensible, lointaine, elle est un modèle d'impassibilité. Ainsi disait Brassard d'Alberte dans Le rideau cramoisi : "Les nuits qu'elle venait, elle n'avait ni plus d'abandon, ni plus de paroles, et [...] elle fut toujours aussi difficile à confesser que la première nuit qu'elle était venue. Tout au plus un monosyllabe qui ne faisait pas grande lumière sur la nature de cette fille, qui me paraissait plus sphinx, à elle seule, que tous les Sphinx dont l'image se multipliait autour de moi, dans cette appartement Empire." Vivantes énigmes, ces femmes se caractérisent également par des étrangetés, des anomalies, des incompatibilités physiques. Rosalba est une "Messaline-Vierge" (est-ce possible ? Messaline est tout de même le modèle type de la courtisane) tandis qu'Hauteclaire se caractérise par sa force et sa maculinité. Le couple fusionnel qu'elle forme avec Savigny en va jusqu'à brouiller les déterminations sexuelles : "Chose étrange ! dans le rapprochement de ce beau couple, c'était la femme qui avait les muscles, et l'homme qui avait les nerfs !" Fascinantes et sublimes dans leur dépravation, les diaboliques apparaissent alors comme la preuve vivante qu'il existe quelque chose d'insaisissable qui nous échappe, et qui échappera toujours, malgré les progrès scientifiques ...
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~ * ~
Pour celui que je lirai sans doute en priorité, le choix est biaisé puisque le tome du théâtre de Maeterlinck ne m'appartient pas : je lirai donc une ou deux de ses pièces en priorité. Hors celui-là, je suis tentée par beaucoup de titres, mais à l'instant je ressens l'envie de feuilleter Trois hommes dans un bateau, qui est un gracieux cadeau (encore merci à Lou !) ou de me mettre à un classique du XXème siècle : je pense à La peste, par exemple. J'arrête là avant de citer toute l'étagère ! Celui qui me tente le moins serait sans doute Le maître de Colm Toibin, caché dans la dernière étagère : un ouvrage de littérature contemporaine, acheté sur un coup de tête, et qui ne me fait plus trop envie ... Je ressens également l'envie de relire certaines choses ... Parmi ces envies, A rebours de Huysmans et Le voleur de Darien, livres qui m'avaient profondément marquée l'année dernière, figurent en bonne place.
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Salomé ... Voilà une figure qui, durant toute la deuxième moitié du XIXème siècle, fascina les artistes. Depuis Heine en 1841 jusque dans les volutes de l'Art Nouveau, la danseuse a hanté plusieurs générations d'artistes et de nombreux poètes et romanciers ont voulu réécrire le mythe ... C'est le cas de Flaubert, de Huysmans, de Jean Lorrain, de Robert de Montesquiou, de Jules Laforgue, d'Apollinaire ... Et d'Oscar Wilde.Libellés : Challenge ABC 2009, Défis littéraires, Lecture
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