Me voilà arrivée à ma 50ème note de lecture, après plus d'un an et demi de blog ! L'œuvre évoquée, cette fois-ci, est toute petite, minuscule même ! C'est une pièce (radiophonique) de Nathalie Sarraute : Pour un oui ou pour un non ...
Voilà un titre bien anodin, un titre, même, qui nous invite à imaginer quelque chose de tout à fait léger. Loin s'en faut. Nathalie Sarraute part d'une situation a priori assez simple : un personnage, H2, s'éloigne un peu de son ami d'enfance, de son ami de toujours, H1 et en vient à lui reprocher quelques mots qu'il avait jetés là, sans y prêter attention. A la lecture des premières pages, la scène nous paraît assez absurde : quel est ce drôle de bonhomme, qui, dit-on, rompt ses amitiés "pour un oui pour un non" ? Qu'est-ce que c'est que cette drôle de conversation, où il est question d'intonations spéciales, de pièges, de princesses dans la forêt ? Apparaissent alors deux personnages, un couple quelconque, un H3 et une F1, juge improvisé de la dispute. A cet instant de la pièce, le lecteur/auditeur est tenté de suivre leurs avis, et de trouver le comportement de H2 pour le moins excessif ...
Cependant, tandis que la pièce se déroule devant nos yeux, que la discussion se poursuit, que des éléments nous sont apportés ça et là, on finit par comprendre qu'il y a quelque chose de bien plus grave qui est en train de se jouer. Rien d'anodin dans cette dispute et les explications qui s'en suivent, rien de léger dans cette volonté de rupture, rien de simple dans ce "oui" et ce "non" lancés en conclusion de la pièce. Quelque chose de fondamental sépare ces deux personnages, tout comme quelque chose de fondamental les condamne à être ensemble.
Tous deux, en effet, ont une façon tout à fait différente d'envisager la vie, et ce sont deux conceptions du rapport de l'individu à la société qui s'opposent. Tandis que l'un a choisi de jouer le jeu du système, qu'il est fier de l'existence, sage et rangée, qu'il s'est construite ; l'autre vit de petits boulots et refuse les cases et les classifications. Entre bonheur tranquille tel qu'il est généralement conçu dans nos sociétés ; et soucis d'indépendance, de vie par soi-même, recherche de quelque chose de plus qui n'a pas à porter de nom, les deux personnages ont hésité, chacun leur tour. Tous deux ont choisi un chemin, et par là-même tous deux se remettent en cause, mutuellement. Cela, au fil de la conversation, ils le comprennent, et le lecteur avec eux. Mais demeure l'incompréhension, à l'extérieur, ce poids du regard de l'autre qui, comme nous au début de la pièce, ne voit là qu'une peccadille, qu'une dispute à propos de presque rien, pour un oui ou pour un non. Et face à ces autres, qui ne cherchent pas à comprendre, H1 et H2 gardent quelque chose en commun : ils se sont posés la question ; le drame étant qu'ils n'ont pas choisi la même réponse.
A travers ce dialogue, Nathalie Sarraute nous invite à la réflexion : à la lecture, on peut finalement se demander où l'on se place, nous, dans tout ça ... C'est également l'occasion pour l'auteur de souligner toutes les limites du langage et de la communication. Voilà devant nous deux amis d'enfance, très intimes, et qui réalisent soudain qu'ils ne se sont pas très bien compris ... Un mot lâché, une intonation malheureuse, et c'est toute une amitié qui se fissure et se brise. Cette confrontation révèle au final des désaccords des plus fondamenteux, ceux-là même qu'on ne voit pas forcément, parce qu'ils ne transparaissent pas dans les conversations quotidiennes. Fragilité du rapport humain, qui se bâtit sur des silences et des malentendus ...
On sent véritablement que quelque chose de grave, quelque chose de tragique, est en train de se passer, alors que les répliques fusent et que l'on suit ce progressif glissement de sens. Pour un oui ou pour un non, plutôt que de donner des réponses, laisse une fin ouverte, où deux voix différentes retentissent, où deux voies sont présentées au lecteur ; la pièce nous invite finalement à la réflexion, soulevant pas mal de questions ...
Et tout cela, à la lecture d'une minuscule pièce : une cinquantaine de pages imprimées en très gros ! A découvrir et à méditer ...
Cependant, tandis que la pièce se déroule devant nos yeux, que la discussion se poursuit, que des éléments nous sont apportés ça et là, on finit par comprendre qu'il y a quelque chose de bien plus grave qui est en train de se jouer. Rien d'anodin dans cette dispute et les explications qui s'en suivent, rien de léger dans cette volonté de rupture, rien de simple dans ce "oui" et ce "non" lancés en conclusion de la pièce. Quelque chose de fondamental sépare ces deux personnages, tout comme quelque chose de fondamental les condamne à être ensemble.
Tous deux, en effet, ont une façon tout à fait différente d'envisager la vie, et ce sont deux conceptions du rapport de l'individu à la société qui s'opposent. Tandis que l'un a choisi de jouer le jeu du système, qu'il est fier de l'existence, sage et rangée, qu'il s'est construite ; l'autre vit de petits boulots et refuse les cases et les classifications. Entre bonheur tranquille tel qu'il est généralement conçu dans nos sociétés ; et soucis d'indépendance, de vie par soi-même, recherche de quelque chose de plus qui n'a pas à porter de nom, les deux personnages ont hésité, chacun leur tour. Tous deux ont choisi un chemin, et par là-même tous deux se remettent en cause, mutuellement. Cela, au fil de la conversation, ils le comprennent, et le lecteur avec eux. Mais demeure l'incompréhension, à l'extérieur, ce poids du regard de l'autre qui, comme nous au début de la pièce, ne voit là qu'une peccadille, qu'une dispute à propos de presque rien, pour un oui ou pour un non. Et face à ces autres, qui ne cherchent pas à comprendre, H1 et H2 gardent quelque chose en commun : ils se sont posés la question ; le drame étant qu'ils n'ont pas choisi la même réponse.
A travers ce dialogue, Nathalie Sarraute nous invite à la réflexion : à la lecture, on peut finalement se demander où l'on se place, nous, dans tout ça ... C'est également l'occasion pour l'auteur de souligner toutes les limites du langage et de la communication. Voilà devant nous deux amis d'enfance, très intimes, et qui réalisent soudain qu'ils ne se sont pas très bien compris ... Un mot lâché, une intonation malheureuse, et c'est toute une amitié qui se fissure et se brise. Cette confrontation révèle au final des désaccords des plus fondamenteux, ceux-là même qu'on ne voit pas forcément, parce qu'ils ne transparaissent pas dans les conversations quotidiennes. Fragilité du rapport humain, qui se bâtit sur des silences et des malentendus ...
On sent véritablement que quelque chose de grave, quelque chose de tragique, est en train de se passer, alors que les répliques fusent et que l'on suit ce progressif glissement de sens. Pour un oui ou pour un non, plutôt que de donner des réponses, laisse une fin ouverte, où deux voix différentes retentissent, où deux voies sont présentées au lecteur ; la pièce nous invite finalement à la réflexion, soulevant pas mal de questions ...
Et tout cela, à la lecture d'une minuscule pièce : une cinquantaine de pages imprimées en très gros ! A découvrir et à méditer ...
Image : Salvadore Dali - Deux éléphants
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Je viens de découvrir ton blog, ou plutôt ton porte-plume... et j'avoue que je me perdrais bien volontiers dans tes colonnes :) Tes articles sont vraiment très intéressants. Pour celui-ci, j'avoue que je connaissais pas du tout cette pièce de Sarraute... et que je vais me renseigner, parce qu'elle attire plus que l'oeil. La magie de l'écriture et de la narration "simple" qui laisse deviner tellement plus me fascinera toujours...
Anonyme a dit…
samedi, 13 septembre, 2008
Venez découvrir Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute du 7 au 28 juillet 2012 -Festival OFF Avignon- au Théâtre du Vieux Balancier, 2 rue d'Amphoux, à 11h00!
Visitez notre site pour plus d'informations : http://cie-pourquoi.fr
«Dans une mise en scène inspirée d’un univers à la «Miró», à la fois décalée et absurde, deux amis proches, pour une expression maladroitement employée, déclenchent une guerre qui remet en cause leur amitié. Les mots se chargent de ridicule et d’absurde pour aboutir à un échange verbal qui fait de ce texte une tragi-comédie contemporaine unique.
Choisir de mettre ce texte en scène, c’est moins vouloir « exprimer l’inexprimable» que montrer la cruelle complexité des êtres révélée sous l’apparente banalité du langage quotidien.»
PRESSE
Un pur chef-d'oeuvre de joute verbale trago-comique ! Une mise en scène brillante, dans un univers digne du peintre Miró et un jeu des comédiens tout en intériorité. Prévoyez de réserver, c’est complet chaque jours . Christian Fuentes - AVIGNEWS
Un texte brillament éxécuté par des comédiens formidables !
Nicolas Arnstam - FROGGY’S DELIGHT
Les comédiens servent avec grâce et force le propos.
Sophie Bauret - LE DAUPHINE
compagnie.pourquoi a dit…
lundi, 25 juin, 2012
Toujours d'actualité ! La lecture de votre résumé a permis à ma fille de mieux comprendre cette pièce (texte pour son bac). Vos explications sont si pertinentes et votre style limpide. Un grand merci pour ce texte ! Corinne
Unknown a dit…
samedi, 03 février, 2018