Zestes de tag ...

Après la gracieuse invitation de Romanza, je me saisis de son Tag et le fais circuler. Avec celui-ci, c'est l'occasion de faire partager l'actualité de mes lectures, de proposer quelques bribes de texte, et -qui sait ?- d'intriguer un peu de possibles lecteurs. Allons-y donc gaiement !
Pour commencer, les conditions du Tag :

  • Indiquer le nom de la personne avec un lien vers son blog
  • Prendre le livre que l'on lit actuellement (ou que l'on préfère) à la page 123
  • Recopier le texte de la 5ème phrase et des 3 suivantes
  • Indiquer année de parution, édition, titre et auteur du livre.
  • Choisir 4 autres blogueurs/blogueuses pour leur demander ce qu'ils lisent et ainsi de suite ...

Les 21 jours d'un neurasthénique, Octave Mirbeau, publié en 1901 chez Fasquelle. Pris de l'édition des Oeuvres romanesques tome 3, établie par Pierre Michel.

"- Madame la comtesse est servie ! " Tout à coup, rêves refoulés, ambitions étouffées, tout cela dont l'amertume avait empoisonné sa vie, se leva, gronda dans son âme. En une seule fois, dans une minute d'exaltation suprême, il voulut protester contre son passé de rôles humbles, et muets, apparaître enfin, éloquent, dominateur, terrible, apothéotique. Des lambeaux de drames, de répliques violentes, des apostrophes perdues, d'angoissants trémolos, et des prisons, et des palais, et des soutterrains, et des dagues, et des arquebuses lui revinrent en souvenir, en foule, pêle-mêle, enflammés et torrentueux comme des laves."

Pour ce qui est du Tag, je le laisse libre : que ceux qui ne l'ont pas encore eu, ou qui souhaitent le faire se servent allègrement, je ne voudrais l'imposer à personne ! Et afin de satisfaire les curieux (et moi-même, car j'apprécie ce texte), je recopie la suite de ce passage qui est plutôt plaisante. Mais chut, là, je triche ! ;)


"Il sentit rugir et bondir dans son âme les rugissantes et fraternelles âmes des Frédéric Lemaître, des Mélingue, des Dumaine, des Mounet-Sully, des Coquelin. L'ivresse le saisit, l'affola, le poussa aux héroïsmes les plus extravaguants. Et, redressant sa taille courbée de vieux serviteur, rejetant en arrière sa tête sur laquelle la perruque blanche s'horrifia, ainsi qu'un feutre vengeur, la poitrine haletante et sifflante, la main gauche battant sur son coeur, la droite tendue comme une loyale épée, vers les invités, il clama d'une voix rauque, d'une voix cassée par l'émotion de se révéler, ainsi, devant les foules, un héros :
" - Oui, madame la comtesse est servie ! ... Mais, auparavant, général, laissez-moi vous le dire en face ... Celui qui insulte une femme est ... un lâche !
"Puis il s'effaça pour laisser passer les invités consternés.
" Un tonnerre d'applaudissements éclata dans la salle. Les spectateurs, exaltés par cette sortie vigoureuse et sublime, rappelère le père Plançon, frénétiquement. Mais le rideau resta obstinément baissé, malgré les cris, les trépignements, les enthousiastes bravos qui se prolongèrent durant une partie de l'entracte."

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