[A] Northanger Abbey de Jane Austen



Toute imprégnée encore de l'atmosphère d'Udolphe, je décidai de poursuivre mon challenge ABC en lisant le roman de Jane Austen qui lui était plus ou moins rattaché ; en effet, on m'avait présenté Northanger Abbey comme se moquant de l'engouement suscité par les romans gothiques de l'époque. Soit, je me mis à lire ce roman assez curieuse de découvrir cet auteur dont j'avais tant entendu parler, de par les blogs de lecture, le roman de Fowler - Le club Jane Austen, que je n'ai pas terminé - le(s) film(s) en prévision. Bref, il faut croire que ces temps-ci, Jane Austen est plus ou moins à la mode. Ce roman conte "l'aventure" de la jeune Catherine Morland qui accompagne des amis de ses parents à Bath et y découvre la bonne société ; elle y rencontre Isabelle, jeune demoiselle hypocrite et s'attache à elle, tout en faisant connaissance avec les Tilney, jeunes gens distingués à qui elle cherche plus que tout à plaire.

Je n'aurais sans doute pas dû lire ce livre dans l'optique d'un parallèle avec Mrs. Radcliffe : les allusions à Udolphe sont finalement assez restreintes, et le filon parodique n'a pas été longuement exploité. Les alarmes de la jeune Morland dans le décor d'une vieille abbaye - restaurée et modernisée - étaient certes distrayantes, mais la critique n'est jamais mordante. Autre thème de l'oeuvre, la satire d'une jeunesse anglaise oisive et affectée et, plus largement, de la société dont elle est le fruit. En cela, on peut dire que l'auteur parvient à son but : la plupart des personnages m'ont paru tout à fait exaspérants. Au tout début du roman, le ton du narrateur est drôle et mordant, les premières descriptions de l'héroïne sont plaisantes par leur légèreté et l'humour détaché qui s'en dégage. Cependant, ce ton s'essouffle et disparaît lors du long passage se déroulant à Bath où, sans presque un mot, le narrateur nous laisse tomber sans plus de cérémonie dans une société pleine de règles et de convenances, au beau milieu de discours insensés pétris d'hyperboles et respirant l'hypocrisie. Nous voilà face à l'ennui des fêtes, bals et spectacles où tout le monde parle pour ne rien dire. Au final, c'est sans doute ce que le narrateur escomptait, et il parvient à nous faire ressentir la sècheresse et la futilité d'un tel milieu, mais je n'ai pu m'empêcher de ressentir un profond ennui tout au long de cette partie, sans doute la plus importante du livre. La donne change un peu lorsque Catherine Morland part à Northanger Abbey avec les jeunes Tilney, car l'imagination débridée de cette jeune fille est tournée en ridicule au fil de ses diverses élucubrations. Le ton employé, les éléments de la parodie ne manquèrent pas de me faire sourire, et remarque des clins d'oeil à des oeuvres comme Les Mystères d'Udolphe ou le Moine était assez agréable.

"De longs couloirs humides, des cellules étroites, une chapelle en ruine formeraient son décor quotidien. Elle ne pouvait tout à fait réfréner l'espoir d'y trouver quelque vieille légende ou le terrifiant mémorial d'une nonne outragée au sombre destin."

Double jeu des personnages, hypocrisie, affectation, importance donnée au paraître et aux convenances, c'est le reflet d'une société à une époque donnée. Finalement, le bilan de cette lecture demeure assez mitigé, et je ne pense pas réitérer l'expérience d'un roman de Jane Austen, tout simplement parce que l'ambiance de ce monde-là m'ennuie, voire m'exaspère.


Billet : Afin de ménager plus de nuance à cet article, je vous invite à lire l'avis de Morwenna, celui de Lilly, et enfin celui de yueyin, qui diffèrent assez du mien.

6 billet(s):

ah mince... j'avoue que lire la fin de ta critique ( la lourdeur des convenances dans cet univers ,etc ) tempère quelque peu l'envie que j'avais de commencer Orgueil et Préjugés , qui est sur ma liste ( challenge ABC ) . Note qu'avec un tel titre ça annonce un peu la couleur ! uhuh . Je verrai bien...

Par ailleurs je note le nom d'Ann Radcliffe, je ne la connaissais pas et tu donnes vraiment envie de découvrir "Udolphe"...

vendredi, 04 janvier, 2008  

Oh il ne faut pas non plus trop se laisser influencer : ce n'est au final qu'une impression toute subjective, et puis ... Les autres Jane Austen sont peut-être différents de celui-ci, il s'agit d'un de ses derniers romans, publié de manière posthume ... J'avoue attendre avec les critiques de "Orgueil et Préjugés" (plusieurs personnes l'ont choisi pour le challenge ABC après tout) car c'est tout de même un livre dont j'ai beaucoup entendu parler ... ;)
Bonne lecture tout de même et bonne année :P

vendredi, 04 janvier, 2008  

Apparement ce serait son meilleur livre; orgueuils et préjugés d'après ce que j'ai entendu dire. Enfin c'est le plus connu en tout cas.

vendredi, 04 janvier, 2008  

La popularité n'est pas toujours le critère le plus pertinent pour augurer de la qualité d'un livre. Reste que c'est celui, en effet, qu'on a le plus retenu. ;)

vendredi, 04 janvier, 2008  

Je n'ai pas lu ce livre de Jane Austen mais j'ai tendance à avoir un parti pris positif face à ce qu'elle écrit. En général, j'aime bien sa plume. Mon favori reste sans aucun doute "Orgueil et préjugés" que j'ai lu au moins 10 fois. Ce qui m'exaspère parfois un peu, c'est le côté "tout mauvais" de certains personnages... mais je réussis à passer à côté!

mercredi, 16 janvier, 2008  

Je te conseillerais te persévérer avec Jane Austen car celui-ci est assez différent des autres. Certes, le monde décrit sera toujours "points de croix et promenades champêtres entre deux projets de mariage", mais ses autres héroïnes ont un caractère bien trempé ! On a plus envie de rire avec elles que contre elles.

lundi, 28 janvier, 2008  

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