Paul Eluard, Mots mystérieusement interdits
Publié par Aphonsine aux alentours de mardi, novembre 27, 2007Billet furtif, pour quelques vers libres et légers. Souffle de vent dans les fatigues d'hiver.
Quelques-uns des mots qui, jusqu'ici, m'étaient mystérieusement interdits
Le mot cimetière
Aux autres de rêver d'un cimetière ardent
Le mot maisonnette
On le trouve souvent
Dans les annonces des journaux dans les chansons
Il a des rides c'est un vieillard travesti
Il a un dé au doigt c'est un perroquet mûr
Pétrole
Connu par des exemples précieux
Aux mains des incendies
Neurasthénie un mot qui n'a pas honte
Une ombre de cassis entre deux yeux pareils
Le mot créole tout en liège sur du satin
Le mot baignoire qui est traîné
Par des chevaux parfaits plus laids que des béquilles
Sous la lampe ce soir charmille est un prénom
Et maîtrise un tiroir où tout s'immobilise
Fileuse mot fondant hamac treille pillée
Olivier cheminée au tambour de lueurs
Le clavier des troupeaux s'assourdit dans la plaine
Forteresse malice vaine
Forteresse malice vaine
Vénéneux rideau d'acajou
Guéridon grimace élastique
Cognée erreur jouée aux dés
Voyelle timbre immense
Sanglot d'étain rire de bonne terre
Le mot déclic viol lumineux
Éphémère azur dans les veines
Le mot bolide géranium à la fenêtre ouverte
Sur un coeur battant
Le mot carrure bloc d'ivoire
Pain pétrifié plumes mouillées
Le mot déjouer alcool flétri
Palier sans portes mort lyrique
Le mot garçon comme un îlot
Myrtille lave galon cigare
Léthargie bleuet cirque fusion
Combien reste-t-il de ces mots
Qui ne me menaient à rien
Mots merveilleux comme les autres
Ô mon empire d'homme
Mots que j'écris ici
Contre toute évidence
Avec le grand souci
De tout dire.
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