Qui a dit qu'illustrer Le Rouge et Le Noir par un tableau de Rothko était -sinon anachronique- de mauvais goût ?

Sans amorcer de réflexion sur la lecture universelle et la place du ressenti du lecteur, entité subjectif devant un livre tiré de son temps, je me lance donc dans ce petit billet à propos de ce grand roman que - honte, infamie !- je n'avais pas encore lu. C'est à présent chose faite et je ne regrette vraiment pas.

Je crois pouvoir dire que Stendhal est un auteur passionant, au vu de ce roman très riche mais également de ses autres productions, un peu moins connues. Au carrefour de deux temps, précurseur du réalisme (sans être lui-même un écrivain réaliste comme on se plaisait à nous le dire au lycée), héritier du romantisme dont il ne parvient pas à se détacher tout à fait. C'est quelque chose que l'on sent dans le Rouge et le Noir, cette chronique de 1830 qui balaie une époque figée, emprisonnée dans
le carcan des peurs et des convenances. Julien Sorel est un ambitieux nourri des Mémoires de Napoléon, avide de grandeur et de reconnaissance.

La première partie du roman se déroule à Verrières, petite ville de Province avec ses notables et leurs petits projets, calculs. Atmosphère baignée de fadeur et de médiocrité. Julien y rencontre toutefois Mme de Rênal, et un amour assez improbable se construit entre ces deux personnages. Un amour causé plus par le malentendu, les hasards heureux que par la séduction. Ensuite, dans la deuxième partie, nous voilà à Paris (après un passage au séminaire à la fois pesant et lourd de sens), dans une noblesse rigide qui s'ennuie dans ses poussières. Le Rouge et le Noir raconte l'ascencion de ce jeune homme plein d'idéaux qui ne sai
t finalement pas bien ce qu'il veut, qui voudrait peut-être juste réussir sa vie, à une époque où cela semblerait impossible. Tout cela accompagné d'une critique sous-jacente de la société de la Restauration, pleine d'ellipse et d'allusions. Il est sans doute recommandé d'avoir quelques notions d'histoire pour comprendre véritablement cette oeuvre, mais elle demeure également significative pour n'importe quel lecteur. Du moins à mes yeux. L'action se déroule sous les yeux de Julien, le plus souvent à travers son regard.
Le décor est un bien vaste tableau aux coups de pinceaux tour à tour délicats et ravageurs, mais qui nous empêche de nous concentrer sur le protagoniste et les jeux de lumière qui le concernent ? Uniquement lui, et son destin tragique, en savourant cette peinture évanescente du siècle qui se profile tout autour sa
ns forcément en sentir les nuances ?

Il s'agit en effet d'un roman très intéressant, avec différentes vérités, différents miroirs sur des sentiers divers. Une lecture un peu longue -même si j'ai lu ce livre à grande vitesse, happée que j'étais par ce roman- mais édifiante, et qui ap
pelle une autre lecture et une autre encore.
J'essaie de faire court, mon but ici n'est pas de faire un exposé, juste de décrire ce que j'ai pu ressentir en lisant ce roman. Eh bien, c'était un sentiment d'exaltation et d'étouffement à la fois, en suivant le destin de ces personnages menés aussi fine
ment.

En fait, si j'ai choisi Rothko plutôt qu'une image bien plus parlante pour illustrer ces mots, c'est qu'il me semble que Le rouge et le Noir est une oeuvre difficile à cerner et presque impossible à étiqueter. J'ai donc laissé place à l'abstrait, et je retourne à mes lectures-investigations - car Stendhal est au programme d'une option que j'ai prise. Je compte relire La Chartreuse de Parme prochainement, livre trop rapidement expédié en s
econde et lu sans doute trop tôt. J'ai des envies de redécouverte, en ce moment.

Musique : Pain Of Salvation - Flame to the Moth

3 billet(s):

Ce livre est sur ma LAL. Je suis dans "La Chartreuse de Parme", et même si je n'avance pas du tout vite, j'aime beaucoup. Stendhal n'est pas du tout l'auteur ennuyeux que je pensais découvrir.

dimanche, 30 septembre, 2007  

J'ai beaucoup aimé ce roman de Stendhal car cette histoire, au dénouement malheureusement tragique, m'a captivée du début jusqu'à la fin.

mercredi, 07 novembre, 2007  

Heureuse de constater que je ne suis pas la seule à avoir apprécié cette grande oeuvre de la littérature ! ^^

mercredi, 07 novembre, 2007  

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