Travaux de rénovation.

Excusez les "poussières de blog" qui traînent ça et là ... J'essaie d'améliorer quelque peu certaines choses (je pense notamment aux classifications, je voudrais faire un classement plus représentatif) Quelques petites améliorations en vue, mais je viendrai reparler de mes lectures très prochainement, promis ;)

En attendant, n'hésitez pas à me soumettre vos suggestions pour ma liste du challenge ABC 2008. Je cherche notamment des auteurs européens du XIXème siècle dont le nom commence pas O, P ou Q, je n'ai pas encore réussi à trouver la moindre occurence.
Avant de m'eclipser et de retourner à mon petit travail de dépoussiérage, je ne saurais que vous recommander une idée de swap qui me semble très intéressante, à savoir le swap d'Aelys, Petit à petit. Visiteur curieux, amateur d'échanges ou de nouvelles connaissances, va y jeter un oeil.

Image : Corot




Qui a dit qu'illustrer Le Rouge et Le Noir par un tableau de Rothko était -sinon anachronique- de mauvais goût ?

Sans amorcer de réflexion sur la lecture universelle et la place du ressenti du lecteur, entité subjectif devant un livre tiré de son temps, je me lance donc dans ce petit billet à propos de ce grand roman que - honte, infamie !- je n'avais pas encore lu. C'est à présent chose faite et je ne regrette vraiment pas.

Je crois pouvoir dire que Stendhal est un auteur passionant, au vu de ce roman très riche mais également de ses autres productions, un peu moins connues. Au carrefour de deux temps, précurseur du réalisme (sans être lui-même un écrivain réaliste comme on se plaisait à nous le dire au lycée), héritier du romantisme dont il ne parvient pas à se détacher tout à fait. C'est quelque chose que l'on sent dans le Rouge et le Noir, cette chronique de 1830 qui balaie une époque figée, emprisonnée dans
le carcan des peurs et des convenances. Julien Sorel est un ambitieux nourri des Mémoires de Napoléon, avide de grandeur et de reconnaissance.

La première partie du roman se déroule à Verrières, petite ville de Province avec ses notables et leurs petits projets, calculs. Atmosphère baignée de fadeur et de médiocrité. Julien y rencontre toutefois Mme de Rênal, et un amour assez improbable se construit entre ces deux personnages. Un amour causé plus par le malentendu, les hasards heureux que par la séduction. Ensuite, dans la deuxième partie, nous voilà à Paris (après un passage au séminaire à la fois pesant et lourd de sens), dans une noblesse rigide qui s'ennuie dans ses poussières. Le Rouge et le Noir raconte l'ascencion de ce jeune homme plein d'idéaux qui ne sai
t finalement pas bien ce qu'il veut, qui voudrait peut-être juste réussir sa vie, à une époque où cela semblerait impossible. Tout cela accompagné d'une critique sous-jacente de la société de la Restauration, pleine d'ellipse et d'allusions. Il est sans doute recommandé d'avoir quelques notions d'histoire pour comprendre véritablement cette oeuvre, mais elle demeure également significative pour n'importe quel lecteur. Du moins à mes yeux. L'action se déroule sous les yeux de Julien, le plus souvent à travers son regard.
Le décor est un bien vaste tableau aux coups de pinceaux tour à tour délicats et ravageurs, mais qui nous empêche de nous concentrer sur le protagoniste et les jeux de lumière qui le concernent ? Uniquement lui, et son destin tragique, en savourant cette peinture évanescente du siècle qui se profile tout autour sa
ns forcément en sentir les nuances ?

Il s'agit en effet d'un roman très intéressant, avec différentes vérités, différents miroirs sur des sentiers divers. Une lecture un peu longue -même si j'ai lu ce livre à grande vitesse, happée que j'étais par ce roman- mais édifiante, et qui ap
pelle une autre lecture et une autre encore.
J'essaie de faire court, mon but ici n'est pas de faire un exposé, juste de décrire ce que j'ai pu ressentir en lisant ce roman. Eh bien, c'était un sentiment d'exaltation et d'étouffement à la fois, en suivant le destin de ces personnages menés aussi fine
ment.

En fait, si j'ai choisi Rothko plutôt qu'une image bien plus parlante pour illustrer ces mots, c'est qu'il me semble que Le rouge et le Noir est une oeuvre difficile à cerner et presque impossible à étiqueter. J'ai donc laissé place à l'abstrait, et je retourne à mes lectures-investigations - car Stendhal est au programme d'une option que j'ai prise. Je compte relire La Chartreuse de Parme prochainement, livre trop rapidement expédié en s
econde et lu sans doute trop tôt. J'ai des envies de redécouverte, en ce moment.

Musique : Pain Of Salvation - Flame to the Moth

J'ai eu entre les mains un tout petit livre bleu que l'on peine un peu à prendre pour un ouvrage de philosophie. C'est un ami qui me l'a prêté, et à présent, je tarde à le rendre, car je sens qu'il me faut le relire. Il s'agit d'un livre simple et sobre, au langage épuré ; il fut donc assez rapide et agréable à lire. Je dis assez rapide car il me semble important de prendre son temps pour la lecture de cet essai. Souvent, je levais le nez des pages, regardais autour de moi, et réfléchissais un peu. A ce que je venais de lire, à mes souvenirs, à ce que cela signifiait pour moi.

Je pense qu'on se retrouve tous un petit peu dans ce livre, qui traite de l'humanité, de ce dur métier d'être homme. Je n'ai pu m'empêcher de voir des bribes de mon propre passé, de mes propres problèmes pendant que je lisais. Cela m'a fait craindre de passer à côté de quelque chose, mais j'avais aussi presque toujours un exemple concret et personnel sous la main pour comprendre les choses. Moi qui ne réussis pas bien à comprendre dans l'abstraction, je me sentais toucher le fondement même du problème, les jours où le corps flanche, et où la volonté vacille. Il n'y a pas à dire, cette lecture m'a ébranlée. Mais elle me conforte aussi dans une forme d'espoir et d'optimisme que l'auteur a réussi à faire passer. C'est un livre simple et touchant, invitant au questionnement, à la réflexion ... Et surtout à l'espoir.

"La force du faible", préface d'Onfray pour Le métier d'homme



Musique : Pain Of Salvation -Idiocracy


Avant, de Rimbaud, je ne connaissais que le sage et tragique dormeur du val, que j'avais appris par coeur dans une classe de primaire. C'est un peu plus tard, au lycée, que j'ai découvert la richesse de ce poète alchimiste des mots. Je le rencontre souvent, aux détours d'un contrôle, et il me porte toujours chance. Ce n'est pourtant pas le sonnet que j'ai commenté plusieurs fois en jour d'examen (Le Mal) ni mon poème favori (Le bâteau ivre) que je propose aujourd'hui. Je préfère déposer ce poème de renaissance et de lumière, un poème qui va lui aussi loin dans la construction - je devrais dire l'orfèvrerie- de la phrase. Pour un Septembre engrisonné, j'offre donc simplement une "Aube". Bonne lecture ;)


Aube

J'ai embrassé l'aube d'été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.

Musique : Sparks - Falling in Love with Myself Again

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